Page:Revue historique - 1896 - tome 62.djvu/69

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

comme en 1417, la rançon du comte. Le premier devait être garanti par des bijoux ; le second par des banquiers ; on paierait le troisième sur-le-champ[1].

Charles livra ses plus magnifiques joyaux, entre autres la « belle chapelle d’Orléans. » On la confia à un marchand génois qui la fit estimer 40,000 écus à Bruges. Marguerite, jugeant le prix surfait, voulut l’avis de la banque de Londres. L’expertise de Bruges fut confirmée. La duchesse exigea, par surcroît, l’appréciation de la banque de Venise. Le marchand partit… et ne revint plus[2]. — La captivité de Jean continua.

Ce nouveau coup acheva d’accabler les princes captifs, et pour dix années ! Ce fut en 1432 seulement qu’on se décida enfin à rédiger un nouveau compte[3]. Le duc d’Orléans ne devait plus, pour son frère, que 78,000 écus environ. Si Charles réussissait à trouver dans Londres de bonnes cautions pour cette somme, la comte d’Angoulême serait libre. Les paiements seraient versés avant le 12 avril 1433, jour de Pâques. Enfin, Marguerite recevrait, avant le 24 juin suivant, 2,000 écus à rabattre sur la rançon de Jean, au cas où les cautions que cherchait Orléans ne pourraient être trouvées[4].

Il fallut, en effet, renoncer à les avoir : les deux échéances de Pâques et de la fête de saint Jean-Baptiste arrivèrent sans que le comte d’Angoulême traversât la Manche.


Le malheur, qui s’attachait en 1417, en 1422, en 1432 à leur destinée, ne voulut pas cependant que le comte et son frère attendissent un triple échec pour pousser, dans d’autres voies, la conduite de leur dessein.

Dès 1421, une circonstance inespérée se présentait : deux fils de la duchesse de Clarence, Jean et Thomas Beaufort, restaient, après la bataille de Beaugé, prisonniers des Écossais, alliés de la France[5]. — Charles d’Orléans et le comte d’Angoulême se flattèrent aussitôt de disposer Marguerite et les capitaines de l’armée d’Écosse à échan-

  1. Ibid.
  2. Ibid. et Brit. Mus. Addit. chart. 58, 274, 3133. — Arch. nat., K. 64, 377b, 9, 378-9. — Laborde, Preuves des ducs de Bourgogne, cité, 6199.
  3. Arch. nat., J. 919, 26, fol. 39 vo.
  4. Arch. nat., P. 1403, 1, no  22, et J. 919, 19, fol. IX et suiv. — Brit. Mus., Addit. chart. 21359.
  5. Arch. nat., p. 1403, 1, no  32 : « A la journée de Baugy en France fut led. duc [Jean] de Somerset pris et mis à rençon. » Dugdale, The Baronage, II, 122, col. 2. — Addit. chart. 306. — Thomas Beaufort a été à tort confondu par M. Vallet de V. avec Jean, bâtard de Clarence (Vallet, Ch. VII, I, 261 ; Baronage, II, 122) ; Add. chart. 3552.