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les déplacements étaient assez fréquents[1], et les deux frères exilés vécurent généralement séparés l’un de l’autre.

Les otages livrés à Buzançais, avec le comte, ne résidaient pas beaucoup plus auprès de lui. Il avait été séparé d’eux dès 1412, quand il les précéda en Angleterre[2]. On lui laissa pourtant, dans les premières années de sa captivité, Archambaut de Villars[3], un des officiers que le duc Louis, dans les dernières années de sa vie, attachait le plus volontiers à sa personne ; un des vainqueurs dans cette passe d’arme fameuse des sept Français contre les sept Anglais, que chanta Christine de Pisan ; un des capitaines qui servirent le mieux Valentine pendant son veuvage. Il est possible encore que Guillaume le Bouteiller, écuyer panetier de Jean, n’ait pas été toujours éloigné de lui ; Guillaume était le cadet d’une famille dans laquelle le dévouement à la maison d’Orléans était une tradition. Mais ni Macé le Borgne ni Jean de Saveuzes ne furent autorisés à rester dans l’entourage du comte. Leur présence aurait adouci l’isolement de Jean. Ils étaient entrés les premiers dans l’hôtel du jeune prince, quand on l’avait créé en 1409 : Saveuzes, de quelques années seulement plus âgé qu’Angoulême, avait gagné son affection et recevait de lui des cadeaux ; le Borgne, personnage plus grave, un des gentilshommes qui, jadis, avaient suivi le duc en Lombardie, et en qui se fiaient surtout Valentine et Charles, semblait fait pour diriger le comte, ainsi que Saveuzes pour se mêler à ses jeux. De tous les otages, le Borgne était le seul qui fût chevalier. Jean Davy, « le jeune, » était homme de moindre importance. Quant à Hector de Pontbriant, ancien favori de Louis de France, valeureux écuyer autant que sagace diplomate, un des négociateurs de l’alliance anglaise en 1412, il semble bien n’avoir jamais été le prisonnier de Clarence[4].

  1. Itinéraire de Charles d’Orléans (inédit).
  2. Brit. Mus., Addit. chart. 59, 3451, 8 août 1413. — Bibl. nat., lat. 9134, fol. 3 vo. — Cf. documents publiés par M. Vallet de V., Bibl. de l’École des chartes, t. XVI, p. 556, 1855. — La comparaison des Addit. chart. 59 et 62 prouve que les otages furent menés en Angleterre entre le 25 janvier et le 31 mars 1414 (n. st.).
  3. Ce qui résulte surtout de la pièce 681 du ms. 3642 des nouv. acq. fr. de la Bibl. nat. — Brit. Mus., Addit. chart. 3482.
  4. Pontbriant était le 15 novembre 1412, soit le lendemain du traité de Buzançais, au conseil de Charles d’Orléans. Arch. nat., J. 919, 26. — Le 7 décembre suivant, il était à Orléans. Bibl. nat., Pièces orig. 759, no  17254, p. 24. — Le 22, à Blois. Bibl. nat., fr. 6211, no  197. — À Blois encore le 25 février 1413 (n. st.). Bibl. nat., lai. 17059, no  157, et fr. 6211, no  618. — Addit. chart. 3413, — Arch. nat., KK. 897. — Cf. Bibl. nat., fr. 6210, 354 ; Pièces orig. 909,