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MÉLANGES ET DOCUMENTS




L’ORIGINE DES CONSTITUTIONS URBAINES
AU MOYEN ÂGE.
(Suite[1].)


II.


I. — On sait que les villes romaines ont survécu à l’Empire romain en Occident. Si dans l’extrême Nord, sur les frontières germaniques, quelques-unes d’entre elles ont été détruites de fond en comble[2], on s’aperçoit tout de suite, cependant, qu’après les invasions, la plupart des cités restent debout. Il suffit de lire les textes du vie siècle pour voir que, dans ce temps-là, la Gaule est encore un pays de villes. En dépit du désordre grandissant et de l’anarchie menaçante, toute vie municipale n’est pas éteinte. Les vieilles murailles et les édifices publics sont entretenus[3]. On continue à insinuer les actes aux gesta municipalia[4]. Çà et là, il est encore fait mention du defensor civitatis ou des curiales[5]. D’ailleurs, il subsiste quelque activité commerciale et industrielle. Les droits de douane n’ont pas cessé de fournir à l’État des revenus assez abondants[6]. Grégoire de Tours vante

  1. Voir Revue historique, t. LIII, p. 52.
  2. Par exemple, sur la rive droite du Rhin : Aurelia Aquensis et Sumalocenna. D’autres villes, comme Xanten, Cologne, Mayence, Worms, Tongres, Trêves, Salzbourg, bien que dévastées par les Barbares, se sont relevées plus tard.
  3. On en construit même de nouveaux. Voyez, par exemple, Grégoire de Tours, Hist. Franc., II, 14, 15, 16 ; VI, 41, etc.
  4. Waitz, Deutsche Verfassungsgeschichte, II1, p. 413. — Fustel de Coulanges, la Monarchie franque, p. 380 et suiv.
  5. Waitz, loc. cit. — Fustel de Coulanges, loc. cit. — Brunner, Deutsche Rechtsgeschichte, II, p. 198.
  6. Waitz, op. cit., II2, p. 299 et suiv. — Pigeonneau, Histoire du commerce de la France, I, p. 56 et suiv.