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plusieurs membres de la commission de Bayonne, lors du procès qui leur fut fait après thermidor. L’un d’eux répondit qu’après être passée à Saint-Sever la commission alla à Dax avec les représentants et qu’elle y resta cinq à six jours. « Les représentants y restèrent-ils autant de temps que vous ? — Oui, ils restèrent à Dax jusqu’à ce qu’un express, arrivé d’Auch, nous fit partir de cette commune. » Un autre déposa que la commission quitta Tartas, où elle avait trouvé Pinet et Cavaignac, et partit avec eux pour Dax, où elle fit guillotiner dix personnes en six jours. De Dax elle gagna Auch, « par ordre du représentant Pinet, qui nous ordonna, de Bayonne où il s’était rendu, de partir sur-le-champ[1]. » Voilà qui est assez net.

Il existe d’autres preuves encore de la présence de Cavaignac à Dax le jour de l’exécution de M. de Labarrère et même les trois jours précédents. Nous pourrions insister sur sa signature placée à côté de celle de Pinet au bas d’arrêtés pris en cette ville le 20, le 21 et le 22 germinal, dont on trouve des copies aux Archives nationales et aux archives départementales des Landes[2].

En citant, dans un plaidoyer de l’an III, les deux cas où Pinet avait soin de le prévenir qu’il était obligé, vu son absence, de faire figurer sa signature au bas de deux arrêtés urgents, n’était-ce pas établir que c’était là une exception ? Combien cet argument eût-il été plus solide, si Cavaignac, au lieu d’arrêtés pris ailleurs, en avait apporté datés de Dax[3] !

Les archives des Landes conservent un autre registre, celui des délibérations du comité de surveillance, et voici ce qu’on y lit à la date du 23 germinal, jour, rappelons-le, de la condamnation et de l’exécution de M. de Labarrère :

« Le 23 germinal an II de la République, une et indivisible, le comité de surveillance assemblé, s’y sont rendus le président et ses collègues composant la commission militaire extraordinaire, ouï les représentants du peuple Pinet aîné et Cavaignac… Délibéré ledit jour et an que dessus. »

Suivent les signatures des membres du comité[4].

  1. Tarbouriech, Histoire de la commission de Bayonne, passage cité.
  2. Arch. nat., AFII 113, dossier 6, pièce 4 (cité par Wallon, les Représentants en mission, t. II, p. 412) ; — archives des Landes, L 451, fol. 100 vo.
  3. On pourrait insister aussi sur les mesures révolutionnaires auxquelles Cavaignac a cru devoir participer dans les Landes et ailleurs, malgré ses dénégations et le décret qui lui donnait pour mission l’organisation de la cavalerie (cf. H. Wallon, les Représentants en mission, t. II, ch. xiv).
  4. Archives des Landes, L 783, fol. 54 vo.