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armes du correspondant, pour être convaincu de leur parfaite authenticité.

Deux correspondances dans cette collection sont particulièrement précieuses : celle de Mme de Louvigny, religieuse de la maison de Saint-Louis à Saint-Cyr, entièrement relative à la préparation des Mémoires sur Mme de Maintenon et à la publication de ses Lettres ; et celle de La Condamine, l’ami de tous les temps, l’ami le plus dévoué de La Beaumelle. Viennent ensuite quelques lettres ou billets de Montesquieu ; d’autres, en plus ou moins grand nombre, de la duchesse d’Aiguillon, du comte de Caylus, de Pierre Clément (l’auteur des Cinq Années littéraires), du marquis de Bélesta, du marquis de Creil (gouverneur de Thionville), de l’abbé de la Chau (bibliothécaire du duc d’Orléans), de Fréron, du cardinal Passionei, du comte de Stainville, du comte de Tressan, du duc et de la duchesse d’Uzès, de Baculard d’Arnaud, de Caraccioli, du comte d’Arnim, de la comtesse de Bentinck, de Lauraguais, de l’abbé Trublet, du savant genevois Baulacre, du pasteur Paul Rabaut, etc., etc.

M. Angliviel de la Beaumelle, ancien maire de Valleraugue, ancien conseiller général du Gard, et ses fils, MM. Armand et Léon Angliviel de la Beaumelle, le premier notaire à Bordeaux, le second avocat à Versailles, ont bien voulu mettre à notre disposition, sans en rien réserver, toutes les pièces de ce chartrier de famille qu’on avait cru devoir jusqu’ici tenir soigneusement fermé. Notre gratitude pour une confiance si entière et si exceptionnelle est d’autant plus grande qu’on nous l’a accordée sans condition d’aucune sorte. Nous conservons notre pleine liberté d’appréciation et de discussion. Il est d’ailleurs trop évident qu’on ne nous eût point permis de faire usage de ces documents s’il eût dû en résulter pour la réputation de La Beaumelle un dommage quelconque.

Aussi bien, cette réputation, au point où en sont les choses, n’avait plus guère de risques à courir. Nul auteur, croyons-nous, n’a été plus maltraité que celui-ci par la critique et par l’histoire. Aujourd’hui encore il ne se fait pas à la Sorbonne, ou dans nos Facultés, ou même dans les Universités étrangères, une leçon de littérature sur le XVIIIe siècle français, sans que le nom de La Beaumelle, lorsqu’il y est prononcé, ne soit accompagné des épithètes les plus malsonnantes. « C’est un arrangeur, répète-t-on sans cesse, un fabricateur de documents historiques. Il a la manie