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MÉLANGES ET DOCUMENTS




L’ORIGINE DES CONSTITUTIONS URBAINES
AU MOYEN ÂGE.
(Suite[1].)


IV. — On est d’accord pour considérer la ville du moyen âge comme jouissant d’une paix spéciale. Quelle que soit la diversité des théories émises sur l’origine des constitutions municipales, c’est là une vérité si évidente qu’elle est admise par tout le monde. Après Arnold, Heusler, Gierke et von Maurer, M. Sohm le démontrait encore récemment avec cette netteté et cette précision qui sont propres à tout ce qu’il écrit[2]. Il serait donc sans intérêt de revenir ici longuement sur un point si bien établi et dont les preuves abondent. Il suffira de rappeler au lecteur ces lignes caractéristiques du plus ancien droit de Strasbourg : Ad formam aliarum civitatum, in eo honore condita est Argentina ut omnis homo, tam extraneus quam indigena, pacem in ea omni tempore et ab omnibus habeat. Cette affirmation catégorique, vraie pour les villes allemandes, ne l’est pas moins pour les villes françaises. Celles-ci aussi nous apparaissent comme des endroits de paix. Leurs banlieues s’appellent pax[3], leurs hôtels de ville portent le nom de domus pacis[4], leurs jurés sont désignés par les mots de jurati pacis, de wardours de la paix, etc.[5]. Concluons donc que, dans tout le nord de l’Europe, la paix est un des caractères essentiels de la ville du moyen âge, qu’elle fait partie de sa nature.

  1. Voir Revue historique, t. LIII, p. 52, et t. LVII, p. 57.
  2. Sohm, Entstehung des Städtewesens, p. 34 et suiv. Cf. Varges, op. cit., p. 188 et suiv. Doren, Gilden, p. 37.
  3. Charte de Laon. Giry, Documents, p. 14. Charte de Valenciennes. Cf. Labande, Verdun, p. 18, n. 4. « Tut cil qui sont keuchant et levant dedens Verdun et dedens les bours, il sont de nostre pais. »
  4. À Valenciennes, Cambrai, Mons, etc.
  5. À Valenciennes, Cambrai, Verdun, Saint-Amand.