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Ce n’est pas ici le cas d’en dévoiler les auteurs, le motif et le but ; tout cela est réservé à l’histoire qui, sur une foule d’événements, recevra de si nombreuses et si étranges révélations. Mon âme inflexible se roidira toujours contre la fourberie, la calomnie, l’iniquité : je suis comme le granit, on peut me briser, mais on ne me plie pas.

Dans le cours de cette persécution, également lâche et atroce, est-ce trop, Monsieur le duc, d’obtenir en six ans un acte de justice ? Je réclame de la vôtre avec confiance l’ordre de faire insérer dans le Moniteur et autres journaux ma réponse textuelle et intégrale.

D’après ce que l’opinion publique raconte d’honorable sur votre caractère, l’espérance que je conçois est en même temps un hommage d’estime. Si mon attente était déçue, j’en serais affligé pour moi… et pour vous.

Grégoire, ancien évêque de Blois,
rue de l’Odéon, no  35[1].

Enfin, dans ses Mémoires, Grégoire revint sur la fameuse lettre envoyée par ses collègues et lui à la Convention le 13 janvier 1793, et voici ce qu’il en dit : « Lorsque la première rédaction de cette lettre par mes collègues fut présentée à ma signature, je refusai d’y souscrire, attendu qu’elle demandait que Louis fût condamné à mort. Alors on en substitua une autre dans laquelle effectivement les mots à mort ne se trouvent pas. On peut la voir aux Archives d’où M. Moïse en a tiré une copie certifiée par Camus. Mais, ce qui est remarquable, c’est que, pour avoir supprimé ces mots, les commissaires furent dénoncés aux Jacobins dont la tribune était alors vouée

    dix heures. M. Grégoire ne donne point à manger, et son ordinaire est très exigu. Lorsque M. Garat était à Paris, il y venait de temps en temps ; MM. Lambrecht et Lanjuinais s’y rendaient aussi quelquefois, et l’on remarquait dans le temps que, lorsque ce dernier était chez M. Grégoire, on n’y admettait plus personne ; mais, depuis la formation de la Chambre des pairs, il a cessé d’y venir. M. Grégoire craint à présent jusqu’à son ombre, et il y a tout lieu de croire qu’il n’est nullement disposé à se livrer à aucune intrigue. Recevez, etc. L’inspecteur général : Foudras. » (Arch. nat., F7 32004 provisoire.) — Ce rapport nécessite au moins une rectification, au sujet de M. et de Mme Dubois. C’étaient, nous dit Hippolyte Carnot, d’honorables bourgeois, compatriotes de Grégoire, qui, après l’avoir hébergé à Paris lorsqu’il avait été élu député aux états généraux, ne le quittèrent plus. Veuve depuis le 17 octobre 1812, Mme Dubois fut la légataire universelle de Grégoire qui ne laissait pas d’héritiers à réserve ; et, lorsqu’elle-même mourut, le 12 mai 1836, elle légua sa fortune personnelle jointe à celle de Grégoire, moitié à l’hôpital de Blois, moitié à l’hôpital de Sens. Le total montait à 450,000 fr. en chiffres ronds. On peut voir à ce sujet un intéressant article dans l’Intermédiaire des chercheurs, 25 nov. 1878, col. 688-692.

  1. Collection Dentu, autographes, t. I, no  443, p. 74.