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MÉLANGES ET DOCUMENTS




SUR L’AUTHENTICITÉ DES DISCOURS DE LA NOUE.


Dans la Revue de Saintonge et d’Aunis du 1er janvier, M. Denys d’Aussy consacre une longue étude à mon François de la Noue[1]. Je ne saurais accepter toutes ses critiques[2], mais je n’ai pas l’intention d’engager avec lui — du moins pour l’instant et avant d’avoir réuni de nouveaux textes — une polémique à ce sujet.

Il est cependant une de ses observations qui m’a paru assez importante pour qu’il soit nécessaire de la discuter sans plus tarder. Il s’agit de l’œuvre de La Noue :

Quant à son mérite littéraire, dit M. d’Aussy (p. 32), il est réel ; mais quelle part doit en revenir à La Noue[3] ? Les nombreuses lettres autographes publiées par M. Hauser et jointes en appendice à son livre nous ont confirmé dans cette opinion que l’éditeur, Philippe Du Fresne-Canaye, habile écrivain lui-même, imprima à l’ouvrage de La Noue le cachet très sensible de sa personnalité. Que l’on compare à la correspondance authentique le texte des Discours politiques, on verra combien ces discours l’emportent en souplesse, en vivacité, en éclat sur les écrits tracés directement par la plume de La Noue… Un jour, nous n’en doutons pas, quelque philologue précisera la juste mesure dans laquelle l’éditeur de La Noue a remanié ce que ce dernier appelait « ses brouilleries ; » il nous suffit d’indiquer ici cet intéressant sujet d’études.

J’avais tout d’abord pris ce passage pour une simple boutade, écho de la fameuse controverse sur l’authenticité des Mémoires de Talleyrand. Mais M. D. d’Aussy a certainement voulu faire autre chose qu’introduire le jeu des petits papiers dans l’histoire du xvie siècle ; il a prétendu nous présenter une conjecture formelle,

  1. Rev. de Saint., XVIIIe vol., 1re livr., p. 22-34.
  2. Inutile de dire que j’en accepte quelques-unes : j’ai eu évidemment tort de croire, sur la foi d’un agent anglais, que La Hunaudaye avait été exécuté à la Rochelle.
  3. C’est nous qui nous soulignons.