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partielle d’un curieux journal de Bruges, œuvre de Romboudt de Doppere, notaire de Saint-Donatien. Meyer n’a d’ailleurs copié qu’une partie du livre IV de ce journal, laquelle se rapporte aux années 1491-1498. L’auteur était contemporain, à même d’être bien informé, et il nous a conservé de nombreux détails sur les luttes entre les villes flamandes et Maximilien, tuteur du jeune Philippe le Beau. C’est une chronique domestique du plus haut intérêt[1]. L’éditeur, après avoir à grand’peine déchiffré la redoutable écriture de Jacques Meyer, a soigneusement annoté le texte et y a joint en appendice un certain nombre de pièces diplomatiques et d’éclaircissements. La chronique de Doppere prendra désormais une place d’honneur à côté de celle de Molinet ; l’auteur, esprit curieux, a noté beaucoup de faits que négligeaient trop souvent les historiens de l’époque ; c’est ainsi qu’il consacre quelques lignes à la mort du célèbre Memling (11 août 1494), qu’il fait originaire de Mayence. Cette chronique ne renfermerait que ce renseignement décisif sur la patrie et la fin de l’un des plus grands artistes du xve siècle, qu’elle mériterait d’être tout particulièrement signalée aux érudits.

On n’a que fort peu de récits de pèlerinages en Terre-Sainte pour le xve siècle et on connaît assez mal la situation de ce pays durant cette période. Aussi doit-on signaler le Journal de voyage de Louis de Rochechouart à Jérusalem, découvert et publié par M. Couderc[2]. Ce Louis de Rochechouart avait été élu évêque de Saintes en 1460 et était grand ami de Pierre Mamoris, curé de Sainte-Opportune de Poitiers, auteur d’un Flagellum maleficorum imprimé dès le xve s. Il eut de longs et ardents démêlés avec son chapitre, contre lequel, vingt-cinq ans durant, il entretint un de ces procès tels que savaient les faire les gens du moyen âge. Il finit par être incarcéré, suspendu de son siège et obligé de le résigner en faveur de son neveu, Pierre de Rochechouart, avec lequel il eut de nouveaux ennuis. La biographie de ce prélat, retracée d’après des documents inédits par M. Couderc, est des plus instructives ; on y voit dans quelle situation misérable se trouvait l’Église de France à la fin du xve siècle ; elle aurait vraiment eu grand besoin d’une réforme. Le voyage de Louis de Rochechouart en Terre-Sainte date de 1461 ; le manuscrit unique parait incomplet ; l’auteur débute à son départ de Venise et termine par quelques remarques, assez intéressantes d’ailleurs, sur les mœurs

  1. Fragments inédits de Romboudt de Doppere (Société d’émul. de Bruges). Bruges, 1892, in-4o.
  2. Paris, Leroux, in-8o (Extrait de la Revue de l’Orient latin, t. I).