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ments royaux ; grâce au fanatisme des conseillers et à la barbarie de la procédure criminelle, les hérétiques, on le sait, n’y gagnèrent rien, et les protestants du xvie siècle furent aussi sévèrement poursuivis, punis aussi cruellement que leurs prédécesseurs, les cathares du xiiie.

Tel est cet ouvrage ; cette courte analyse suffit pour en faire ressortir l’intérêt. On doit féliciter M. Tanon du ton calme, de la parfaite sérénité qu’il a su garder en faisant l’histoire des hauts faits de ce tribunal ; son livre a d’autant plus de portée. L’auteur a compris que toute déclamation serait inutile et qu’en pareille matière les faits parlent d’eux-mêmes.

Au xve siècle, l’inquisition en France n’a plus de raison d’être ; il n’y a plus d’albigeois. La charge d’inquisiteur a néanmoins subsisté ; vers la fin du règne de Charles VII, elle est occupée par Jean Bréhal, prieur du couvent de Saint-Jacques à Paris. Ce religieux est bien connu pour le rôle décisif joué par lui lors du procès de réhabilitation de Jeanne d’Arc. Le P. Balme, des frères Prêcheurs, dont la Revue historique a tout récemment mentionné avec éloges le Cartulaire de Saint-Dominique, vient, de concert avec un de ses confrères, le P. Belon, d’étudier à nouveau cette sympathique figure[1]. On savait depuis longtemps que Bréhal fut l’âme du procès de réhabilitation, et Quicherat avait connu et analysé les volumineux mémoires composés par ce religieux à cette occasion ; le texte même de ces mémoires avait été publié par M. Lanéry d’Arc dans ses Mémoires et consultations. Mais le texte de cette édition, que n’accompagne aucun commentaire, est assez défectueux, et le P. Balme n’a pas jugé inutile de réimprimer le tout, en rapprochant constamment les allégations de l’auteur du texte même du procès de condamnation. Le tout est fort intéressant et mérite d’être signalé aux futurs historiens de Jeanne d’Arc ; les auteurs ont cherché à s’entourer de toutes les lumières possibles sur chacun des personnages qu’ils ont eu occasion de citer, et leur commentaire analytique de la Recollectio, du résumé définitif de Jean Bréhal, sera très utile aux laïques peu versés dans les questions de théologie et de scolastique.

Le fameux historiographe de la Flandre, Jacques Meyer ou de Meyere, avait pour la rédaction de ses Annales copié une grande quantité de chroniques et de documents ; un des recueils formés par lui est aujourd’hui conservé à la bibliothèque de Saint-Omer. Le P. Henri Dussart, de la Compagnie de Jésus, y a signalé la copie

  1. Jean Bréhal, grand inquisiteur de France, et la réhabilitation de Jeanne d’Arc. Paris, Lethielleux, 1893, in-4o.