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6S REVUE DE L’ARCHITECTURE ET DES TRAVAUX PUBLICS. 66 joint (pl. 3, 6 et 7), je me suis proposé de réfuter, par un exemple, l’opinion partagée et répandue par certains archi- tectes archéologues, que nos monuments religieux modernes doivent être imités exclusivement de l’architecture du moyen Âge. Pourquoi vouloir, en effet, imposer à l’art un type plutôt qu’un autre ? L’art peut revêtir toutes les formes qui expri- ment les besoins du sujet que l’on traite, comme il revêt celles auxquelles donnent naissance les grands événements politi- ques ou religieux. Au lieu de faire un appel exclusif au passé, ne vaut-il pas mieux puiser d’abord nos inspirations in visceribus rei (1), pour atteindre, avant de chercher les détails, la grandeur de style, à laquelle il est juste de prétendre dans la conception de nos monuments nationaux ? Cette pensée a dû, dans tous les temps, préoccuper ceux qui ont été appelés à bâtir des églises ; telle est encore la ligne que nous devons suivre aujourd’hui sans qu’il soit besoin d’al- ler nous inspirer uniquement sous les voûtes du moyen âge ou sur les débris de l’Acropole. Sans autre préambule, mon- sieur le directeur, je demande à passer immédiatement à la description de mon projet. EGLISE SAINTE-MARIE PROJETÉE POUR LA PLACE d’EUROPE. Description de l’église. Ce monument offre environ la même surface bâtie que ce- lui qui s’élève sur la place Bellechasse, c’est-à-dire 40 mètres de face sur 100 de profondeur. Le porche, formé d’arcades en harmonie avec la nef et les collatéraux, comporte la partie des voussures. A l’entrée, deux chapelles, l’une pour le baptême, l’autre pour les instructions religieuses, disposées de façon à être utilisées sans troubler les cérémonies de l’église. Latéralement aux degrés qui conduisent au porche, des rampes particulières donnant accès aux chapelles dont nous avons parlé ; à leur entrée, les quatre figures des Évangé- listes. A la hauteur de transsept s’élève un vaste dôme embras- sant la nef et les collatéraux, et disposé de façon à laisser libres les issues des bas-côtés qui se poursuivent autour de l’abside ; ensuite la chapelle de la Confession, celle des Morts, les sacristies et le trésor ; puis le chœur, élevé de quelques degrés, et le sanctuaire, dominant le chœur ; quelques cha- pelles particulières, et celle de la Vierge au centre, assez vaste pour contenir les fidèles au temps de la célébration du mois de Marie. Ces diverses dispositions sont accusées, intiis et extra, sui- vant l’importance de leur destination : ainsi les formes anti- ques, ainsi celles du moyen âge, répondirent toujours parfai- tement aux besoins de leur époque. Le sanctuaire comporte une figure du Christ dans l’attitude (1] Duii U uittuce <Iâs coaditions i^ue la sujet et le lieu comportent. du Sinite parvulos venire ad me, et dont les proportions grandioses permettent de la découvrir de l’extrémité de la nef. Le vestibule reçoit le soubassement du beffroi, qui domine le portail. Je n’entrerai point dans l’examen des parties de moindre importance ; buffet d’orgues, stalles du chapitre et du maître de chapelle, chaire, banc-d’oeuvre et tribunes pour les grandes cérémonies. De la construction. Les dispositions du plan et des projections verticales expli- quent le système de la construction ; cependant quelques dé- tails seront utiles. On remarquera que. contrairement au parti pris au moyen âge, les points d’appui étant tous intérieurs, ils sont ainsi à l’abri des détériorations produites par le temps. Les points d’appui isolés, et les saillies des arcs-donbleaux qui les relient aux bas-côtés, indiquent que les résistances ont été prévues ; ainsi, le grand côté du plan des piliers se dirigeant de la nef vers les collatéraux, ceux-ci sont disposés le plus fa- vorablement possible pour contrebuter la poussée de la voûte principale. A la naissance de celte voûte est établi un système de ceintures en fer reliant l’ensemble de la construction. Les prolongements des arcs-doubleaux forment autant de contre- forts extérieurs peu saillants. L’enceinte du chœur comporte des contre-forts semblables aux précédents, rachetés ensuite par une voûte semi-annu- laire couvrant les tribunes, sorte d’arc-boutant général inté- rieur, remplissant du même coup deux fonctions importantes. Ces contre-forts se prolongent extérieurement suivant le rampant du comble, et s’enchaînent ensuite avec ceux des murs des chapelles, unis à leur tour par la série d’arcs qu’ils reçoivent dans le sens de la courbure de l’abside. Là se re- trouve le même système de ceintures en fer que celui déjà établi à l’étage supérieur, et avec lequel il se rattache directe- ment par des ancres. Quant à la disposition des voûtes et des pendentifs, elle se rattache à l’ensemble, de manière à former un tout homo- gène. Les arêtiers en pierre portant nervures, de construction facile, sont liés avec le système de fermes en fer recevant la couverture en bronze ; le surplus du garnissage des voûtes est effectué en poteries apparaillées avec les arêtiers, et revêtues d’enduits. Style intérieur. La net s’accuse avec sa décoration propre, différente de celle du transsept, que ne rappelle point non plus celle du chœur ; enfin, le sanctuaire est décoré avec la richesse que comporte la grandeur de la divinité, dont l’image surmonte l’autel. Les dessins de détail que j’avais exposés au dernier Salon exprimaient ces diverses transitions. On y voyait les nefs, le T. viii. *