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6S REVUE DE L’ARCHITECTURE ET DES TRAVAUX PUBLICS. 64 dans l’Inde. On croit avoir «rouvé le nom de Ni nus dans les inscriptions cunéiformes qui accompagnent les bas-reliefs. M. Layard a découvert, près de Mossoul, un tunnel assyrien creusé sous le Tigre. Il a reconnu les deux issues de ce conduit sous-fluvial. Dans la muraille de l’une d’elles se trouvait une pierre sur laquelle était gravée une inscription en caractères assyriens, portant les noms de plusieurs rois qui ont fait exé- cuter ce grand travail d’art. Pendant que l’artiste anglais était encore dans le pays, des voyageurs, qu’on croit Allemands, sont venus, et voulant enle- ver la pierre qui portait l’inscription, ils l’ont brisée ! Avions-nous raison d’appeler le blâme sur les dévastations de certains touristes ? Une inscription a souvent plus d’impor- tance historique qu’un objet d’art capital. Heureusement que M. Layard avait pris copie de celle qui a été détruite. Ce n’est pas d’hier, on le voit, que l’audace des hommes a su se frayer un passage sous le lit des grands fleuves. On en con- naît déjà deux exemples chez les Assyriens : celui-ci et le tunnel qui passait sous l’Euphrate, à Babylone, et ouvrait une communication entre deux palais situés sur les rives oppo- sées. Ce travail d’art a été décrit par le GreC Ctèsias, médecin d’Artaxerxès Ili, qui visita plusieurs fois Babylone au iv siècle avant J.-C. M. Layard a trouvé des voûtes dans les ruines des palais de Nimroud. Voilà un précieux document de plus à consigner dans l’histoire de l’art de bâtir. Et lors môme qu’elles ne date- raient que de la veille de la destruction de Ninive, ces voûtes seraient au moins aussi anciennes que celles de la Cloaca Maxi- ma de Rome, auxquelles on accordait jusqu’à ce jour le droit d’aînesse. Mais si, comme le pense M. Layard, les palais de Nimroud sont de six ou sept siècles plus anciens que ceux de Rhorsabad, les voûtes assyriennes pourraient bien avoir quel- ques siècles de plus que celles des Tarquins. Dans une notii,e sur Ninive, que nous avons déjà citée, nous manifestions l’espérance de voir bientôt surgir du génie de nos savants l’explication des caractères cunéiformes dont les ruines de la capitale de l’Assyrie ont fourni une nouvelle et nom- breuse collection. Cet espoir paraît être aujourd’hui en voie de se réaliser. Un archéologue anglais, M. Raulinson, résidant à Bagdad, vient de faire un travail important sur cette matière. 11 pense que les inscriptions cunéiformes sont une traduction de la langue médo-assyrienne. De son côté, M. de Saulcy, le sa- vant directeur de noire musée d’artillerie, leur adapte la langue sémitique ou hébraïque. M. Raoul-Rochette, profes- seur d’archéologie à la bibliothèque nationale, partage son avis. En tout cas, l’inscription cunéiforme de Persépolis a été tradmte, et c’est un pas immense fait dans la voie des inter prétations. En même temps que M. Botta fait imprimer et graver à Pans sa description du palais de Khorsabad, M. Layard publie à Londres celle de« palais de Nimroud. Lesainateursd’archéo- logie vont donc avoir à la fois deux importants recueils de do- cuments du plus haut intérêt sur Ninive, sur cette ville fabu- leuse dont, il y a quelques années encore, le nom seul nous était connu, et que l’imagination voyait majestueuse et terrible dans le lointain des siècles. H. JANNIARD, Architecte da Gouvernement. ESSAI SUR L’ARCHITECTURE RELIGIEUSE AC XIX* SIÈCLE. Notre confrère, M. Magne, nous avnit adressé, il y a quelque temps, des observations sur l’architecture religieuse au xix’ siècle. N,)us n’étions pas sur tous les points de lavis de notre honorable correspondant, et en communiquant sa lettre à nos lecteurs, nous y ajoutâmes un long commentaire (voy. vol. 7, col. 205 de cette Itevue.) Celte causerie écrite eut lieu à l’occasion d’un projet d’église dont M. Magne avait bien voulu nous montrer l ’avant-projet et par lequel il se proposait de résoudre, le crayon à la main, le difficile problème de l’architecture religieuse convenant à notre temps A coup sûr, dans de pareilles circonstances, rien n’est plus éloquent qu’un dessin, à moins que ce ne soit un monument bâti ; mais nous ne pouvions alors produire aux yeux du public k projet de M. Magne, puisqu’il n’était pas encore terminé ; notre discussion manquait donc d’un élément important. Aujourd’hui, nous comblons cette lacune regret- table et nous avons la satisfaction de soumettre à nos lecteurs à la fois les dessins du projet de notre courageux confrère et la description qu’il en a faite. Cksar DALY. MONSIEUR LE DIRECTEUR, On a beaucoup discuté dans ces derniers temps sur l’ar- chitecture religieuse au xix’ siècle. De part et d’autre, on a dit des choses sans doute très-intéressantes, : mais il me semble qu’auprès des architectes, des projets dessinés au- ront toujours plus d’influence que de simples écrits. En pré- sentant donc aux lecteurs de la Revue le projet d’église ci-