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EE. Consoles pour supporter les chanlattes et les saillies de la toiture.

FF. Balustrade environnant la partie du toit qui forme la terrasse.

GGG. Tirant en fer avec petits poinçons pour fortifier le cintre de la ferme quand l’ouverture est grande.

HHHLIKIL. Disposition générale d’une toiture ordinaire pour un bâtiment de même largeur et de même élévation.

Les dimensions des bois varient suivant les proportions des espaces à couvrir : pour un toit de 10 à 12 mètres de largeur, il suffit de donner de 4 à 5 centimètres d’épaisseur aux planches de champ, sur une largeur de 25 centimètres. On les écarte de 40 à 50 centimètres, suivant la force des voliges dont on les couvre. Les fermes en doubles madriers cintrés de 30 centimètres de largeur, et fortement cloués l’un sur l’autre, se placent à 6 ou 7 mètres de distance l’une de l’autre, selon la force des planches de champ.

Cette sorte de toiture a l’avantage :

1° D’être très-légère et de ne produire aucune poussée contre les murs ;

2° De présenter un sixième de superficie en moins que celle d’un toit ordinaire avec ses deux pentes, et formant un angle au sommet, lequel est indiqué sur le dessin par deux lignes ponctuées ;

3° De donner au-dessous du toit, comparativement aux constructions usuelles, un espace plus grand, plus commode, plus agréable, et tel que l’on peut y établir des chambres régulières, avec un plafond légèrement cintré, en remplacement de greniers et de mansardes ;

4° De ne jamais avoir à craindre l’introduction de l’eau par l’action du vent, puisque la couverture est continue et d’une seule pièce, sans aucune ouverture ni aucun joint ;

5° De présenter dans le milieu les agréments et l’utilité d’une terrasse entourée d’une balustrade ;

6° De n’exiger pour les réparations (lesquelles sont fort rares, parce que le bitume, ainsi préparé et couvert, est inaltérable) ni échelles, ni cordes, ni couvreurs, attendu que tout le monde, et même les femmes, peuvent monter sur ces toits sans peine et sans danger, et que les réparations en bitume sont très-faciles, et peuvent être faites par toute personne, pour peu qu’elle veuille y mettre du soin ;

7° De produire une économie fort importante dans les dépenses d’exécution et dans les frais d’entretien, puisque le mètre carré de toiture de ce système, y compris charpente, couverture, gouttières, etc., ne coûte que 8 fr., tandis que le mètre carré de superficie d’un toit ordinaire, couvert en ardoise ou en zinc, ne peut pas coûter, pour la charpente, la couverture, les solives et les gouttières, moins de 10 fr. le mètre carré.

Un bâtiment de 10 mètres de longueur et de 4 mètres de largeur exigera, en toiture ordinaire, une superficie de 70 mètres carrés, lesquels, à 10 fr. l’un, coûteront 700 fr. ; tandis qu’en toiture bitumée du nouveau système il n’y aura que 60 mètres carrés de superficie, lesquels, à 8 fr. l’un, coûteront 480 fr.

La différence, qui est de 220 fr., présente l’économie qui résulte du nouveau système, et qui est de plus du tiers de la dépense totale.

Quelques personnes ont énoncé des craintes pour l’inflammation par des charbons lancés par un incendie ou par la malveillance : ces craintes ne sont pas fondées.

D’après des expériences positives, des charbons soufflés avec force sur les toitures bitumées ne peuvent pas les enflammer. Pour que le bitume puisse brûler, il faut un feu étendu et très-considérable ; en outre, le bitume des nouveaux toits, étant couvert d’une couche de sable et de craie, est encore beaucoup plus difficile à enflammer que le bitume simple.

Quand une maison prend feu intérieurement, ce genre de couverture brûle alors, non-seulement assez facilement, mais plus vivement que les autres.

Chaussées Bitumées. — Le bitumage des chaussées destinées au passage des voitures n’a été essayé que depuis un an environ. Ce genre de bitumage présente de très-grandes difficultés, non-seulement à raison des fortes pressions et de la force vive produite par les roues et par les pieds des chevaux, mais surtout parce que c’est dans cet usage que l’on a le plus à redouter les inconvénients particuliers aux bitumes, qui sont cassants et friables en hiver, et qui s’amollissent en été.

Ces inconvénients sont faibles pour les bitumages qui n’ont à supporter que le passage des piétons ; mais pour qu’ils puissent résister à l’action des chevaux et des voitures il faut des compositions et des précautions particulières.

De même qu’il y a trois modes de construction de chaussées, savoir : en pierres irrégulières, dites blocage, en pavés rectangulaires, et en cailloutis Mac-Adam, il y a aussi trois sortes de chaussées bitumées.

Chaussées Bitumées avec Emploi de Pierres Irrégulières. — Les chaussées en pierres irrégulières unies par du bitume ont été adoptées par la compagnie Dez-Maurel, qui en a exécuté des échantillons sur la place de la Concorde entre les chevaux de Marly, sur une partie du pont Notre-Dame, devant Saint-Roch, et à l’entrée des rues Laffitte et Grange-Batelière.

On construit ces pavés avec des prismes composés artificiellement de fragments de pierre dure siliceuse, arrangés dans des moules carrés, de manière qu’un fragment de pierre rectangulaire se trouve dans chaque angle du moule. On les unit en coulant du bitume dans tous les interstices de ces pierres. On emploie ensuite ces prismes factices comme des pavés ordinaires, en les rangeant sur une forme de sable, et on remplit les joints avec du bitume coulé très-chaud.

Ce genre de pavage, qui, étant neuf, présente une surface unie et agréable au roulage, n’a cependant pas réussi, parce qu’il perd en peu de temps cette régularité. Le bitume étant imparfait et beaucoup moins résistant que la pierre, s’est détruit assez promptement et a d’abord formé des trouages marqués ; ensuite, les têtes des fragments de pierre restant en saillie, leurs angles aigus ont été bientôt arrondis par les roues, en sorte que la surface de ces chaussées est devenue aussi cahotante et aussi désagréable pour les voitures que les chaussées pavées en cailloux arrondis, si communes dans les villes du Midi. Ce résultat, joint à la cherté de ce système et à la difficulté des réparations qui ne peuvent être efficaces qu’en remplaçant les pavés détériorés, a décidé à y renoncer.

On peut améliorer beaucoup les chaussées pavées en cailloux ronds, comme le sont les rues d’un grand nombre de villes du midi de la France, en garnissant leurs joints avec des pierres angulaires et avec des piquets de bois dur, et en les coulant ensuite