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produisons, sous les numéros 4 et 5, deux plans d’églises élevées à Athènes, vers les XI- siècle et XIIs siècle, qui suffiront pour indiquer la marche adoptée dans la composition des plans grecs. La Panagia Lycodimo est située à l’orient de la ville, vers le mont Hymette, et l’ancienne cathédrale est convertie aujourd’hui en bibliothèque publique.


Fig. 5. — Plan de la Cathédrale d’Athènes. A l’échelle de 0m 0025.

Le plan de l’Ecs-Miazin, ou les trois églises, à Érivan, le plus célèbre monument chrétien de l’Asie, publié par Chardin dans son Voyage en Perse, présente de l’analogie avec celui de la cathédrale d’Athènes. Il n’y a de différence que dans la forme du porche ou narthex, qui est carré et ouvert sur trois faces, tandis que, sur tous les plans joints à cet article, les vestibules occupent toute la largeur des édifices. L’Ecs-Miazin offre de plus une abside saillante sur chacune de ses deux faces latérales. Eusèbe, décrivant l’église des Saints-Apôtres, construite à Byzance par Constantin, s’exprime ainsi[1] : « Autour du temple était un grand espace, sur chacun des côtés duquel s’élevaient des portiques réunis entre eux. Outre les bassins de la basilique, on y voyait les habitations de ceux qui la gardaient, appuyées contrôles portiques, qu’elles égalaient en étendue. » Les chrétiens d’Occident établirent devant leurs temples un atrium ou cour sacrée ; les Grecs ont donné, comme on le voit par la description d’Eusèbe, plus d’extension à cette clôture, destinée à isoler l’édifice et à le protéger contre le bruit de la rue. Au lieu de se borner à l’établir devant la façade, comme les Latins, ils environnèrent le temple d’un vaste terrain libre, laissant autour une grande circulation. Des plantations rappelèrent, dans ce péribole, les bois sacrés des païens.

On voit encore à Sainte-Sophie quelques colonnes des périboles qui environnaient l’église. L’Ecs-Miazin a conservé aussi son Temenos entouré des habitations des prêtres. Une petite église, située auprès de Modon et publiée dans l’ouvrage de la commission de Morée, est construite au centre d’une enceinte carrée, formée par un mur peu élevé. Deux bassins de purification y sont placés auprès du temple.

Trébisonde possède une église dédiée à Sainte-Sophie, qui date des derniers siècles de la puissance grecque. Un péribole l’enveloppe ; carré sur trois faces, il offre à l’Orient une grande courbe semi-circulaire qui le distingue de toutes les enceintes sacrées mentionnées précédemment.

Les Turcs, après s’être emparés des églises byzantines, pour le service de leur culte, les imitèrent servilement lorsqu’ils pensèrent à construire eux-mêmes des mosquées. C’est donc chez ce peuple qu’on retrouve toutes les traditions de l’art qui nous occupe, pour ce qui concerne la disposition des édifices religieux. Tous les temples mahométans sont carrés comme ceux des chrétiens grecs ; l’intérieur, distribué de même, est surmonté de coupoles offrant des caractères analogues ; autour est une enceinte carrée, contenant des fontaines et des plantations. La plus célèbre de ces mosquées, élevée par Soliman le Grand à Constantinople, est, comme l’église des Saints-Apôtres décrite par Eusèbe, entourée de portiques, contre lesquels s’appuient les habitations des prêtres, et de plus, comme dans le péribole de cette basilique primitive, on y voit les tombeaux de l’empereur et des desservants du temple.

FAÇADES.

Ier SYSTÈME (depuis Constantin jusqu’au VIIIe siècle environ). — Sur les plans carrés des églises grecques s élèvent des façades d’une forme toute particulière et qui peuvent se classer en trois catégories bien distinctes. Les plus anciennes présentent une masse simple, terminée à son sommet par une ligne horizontale, sans aucun fronton qui indique des pentes de toits, la charpente étant inusitée dans l’architecture byzantine, puisque les coupoles et les terrasses sont les moyens généralement employés pour couvrir les édifices.

Eusèbe, décrivant la basilique des Saints-Apôtres[2], dit que des grilles d’appui, formées de découpures en bronze doré, ornaient la terrasse supérieure (Solarium). On peut induire de là que les faces de l’édifice étaient couronnées par des corniches horizontales. Les églises de Sergius et Bacchus, de Sainte-Sophie, la Panagia Lycodimo d’Athènes, dont le dessin est joint à cet article, sont toutes dans le même cas. Cette forme carrée, consacrée aux façades byzantines, semble s’être conservée jusqu’aux huitième et neuvième siècles.

Fig. 6. — Façade de la Panagia Lycodimo, à Athènes

Ces églises byzantines sont mal couronnées ; quelques moulures, auxquelles se mêlent des briques placées de manière à former des angles saillants, composent les entablements supérieurs, qui, de distance en distance, sont traversés par des gouttières destinées à déverser les eaux des terrasses ou des dômes.

Un premier étage se dessine ordinairement dans les façades

  1. Eusèbe, Vita Constantini, liv. IV, c. 58.
  2. Eusèbe, liv IV, c. 58.