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l’origine est due aux chrétiens d’Orient, supportent cette voûte dans les parties où les angles rentrants du polygone qui forme le plan, ne lui permettent pas de poser directement sur les murs intérieurs.

Les architectes grecs qui construisirent cet édifice ont suivi, pour établir la voûte qui le surmonte, un système remarquable dont aucun exemple n’existe ailleurs : sentant le besoin de lui donner une grande légèreté, puisqu’elle est en quelque sorte soutenue dans l’espace par des pendentifs en retraite sur le grand cercle de cette voûte hémisphérique, ils ont fait usage de poteries, dont la forme est celle d’une bouteille sans fond. Ces vases, enfilés les uns dans les autres, forment d’abord la base de la voûte, puis la courbe, se continuant sans interruption et en spirale, arrive ainsi au sommet de la coupole. Un enduit couvert de mosaïques à fond d’or décorait ce dôme à l’intérieur, selon l’usage des premiers siècles du christianisme.

Fig. 2 — Plan de l’Eglite de Sergius et Bacchus, à Constantinople, à l’échelle de 0m 002.

IIe SYSTÈME (Du VIe au XIIIe siècle.) — Église de Sergius et Bacchus. — Si, après avoir examiné cet édifice, on porte les yeux sur ceux qui furent construits sous Justinien, et qui existent encore à Constantinople, on pourra suivre les progrès de l’art byzantin, et les modifications diverses apportées dans la forme des temples chrétiens d’Orient.

Le plus ancien de ces monuments est l’église de Sergius et Bacchus, nommée la petite Sainte-Sophie par les Orientaux (Chutchuk agia Sophia). A l’intérieur, le plan est en tout semblable à celui de Saint-Vital ; même polygone, mêmes dispositions demi-circulaires. Au premier étage, une tribune continue fait le tour de la nef. Elle est, comme dans l’église de Ravenne, décorée de colonnes précieuses que couronnent des chapiteaux byzantins. Une coupole élevée surmonte l’édifice.

Mais déjà une modification se présente dans le plan. Son enceinte extérieure est un carré enveloppant l’octogone central. La forme apparente au dehors n’est donc plus celle que mentionnent Eusèbe et Abulpharaius (Figura octaëdri, templutn octogonum)[1] : c’est une masse cubique qu’offre le monument.


Fig. 8. — Mosqée de Sainte-Sophie, à Constantinople, fondée en 530.

Église de Sainte-Sophie à Constantinople. — En suivant la marche chronologique, on arrive à la construction du grand temple de Sainte-Sophie, commencé par Justinien, la douzième année de son règne, pour remplacer l’église incendiée peu de temps avant cette époque.

Il est facile de reconnaître, à l’inspection du plan de Sainte-Sophie, qu’il n’est qu’un développement des principes byzantins établis précédemment. La nef est, de même que dans les églises de Saint-Vital et de Sergius et Bacchus, un polygone qui n’offre d’autre différence avec celles de ces deux édifices, qu’un allongement considérable de l’est à l’ouest, produit par de nombreuses colonnes placées entre les quatre piliers qui portent la coupole centrale ; elles déterminent la largeur de deux grande salles carrées, formant une croix grecque avec l’ensemble de la nef. A l’exception de ces deux salies et des escaliers qui conduisent au gynécée, ou tribune des femmes, le plan contient tous les éléments qui composent celui de l’église de Sergius. Ses quatre angles sont formés de salles irrégulières dans lesquelles pénètrent quatre exèdres ; à l’orient une large abside indique le sanctuaire ; enfin, la forme extérieure est un carré.

L’effet que produisit dans tout l’empire grec l’église de Sainte-Sophie, agit immédiatement sur l’art en général, et l’on peut considérer ce monument comme la base du nouveau système de plans qui se répandit dans toute la chrétienté orientale, à l’exclusion de toutes les formes adoptées antérieurement. En effet, on renonça dès lors aux églises circulaires ou octogones, et depuis les frontières de l’Arménie jusqu’aux provinces occidentales de la Grèce, tous les édifices religieux s’élevèrent sur un plan carré, conçu dans des proportions plus ou moins étendues, selon les ressources des villes qui consacraient des basiliques. Nous


Fig 4. — La Panagia Lycodimo, à Athènes, A l'échelle de 0m 0025.

  1. Los eitato.