Page:Revue générale de l'architecture et des travaux publics, V1, 1840.djvu/12

Cette page n’a pas encore été corrigée

APPEL A TOUS LES HOMMES SPÉCIAUX. — Cette tâche, telle que nous la comprenons, est sans doute difficile ; mais l’utilité qui résultera de son accomplissement est encore bien supérieure à la difficulté de son exécution ; c’est cette conviction qui nous encourage et nous autorise à faire appel à tous les hommes de l’art pour nous aider dans notre entreprise.

Il est facile de comprendre que plus le concours qu’on nous apportera sera général et actif, plus notre Revue pourra offrir d’intérêt et produire de résultats désirables. L’étendue de notre action ne dépend donc pas uniquement de nous, mais bien en partie, et en très-grande partie même, des ingénieurs et des architectes eux-mêmes.

Nous avons déjà établi des relations directes avec des hommes marquants dans les différentes capitales de l’Europe ; ces relations ne pourront que s’accroître et augmenter d’intérêt. Nous avons aussi de nombreux correspondants dans les provinces, mais il nous serait impossible de nous adresser directement à tous les ingénieurs, à tous les architectes et à tous les archéologues qui y sont établis : nous les prions pourtant instamment de réfléchir à tous les résultats utiles qui découleront nécessairement de la constitution d’un centre tel que nous l’avons décrit, et nous les prions de vouloir bien nous tenir au courant de leurs travaux et de toutes les choses qui, dans leurs localités respectives, pourraient intéresser notre spécialité.

César Daly.


HISTOIRE.

DE L’ARCHITECTURE BYZANTINE.

ARTICLE 1er.

PLANS.

Ier SYSTÈME. — (Du IVe au VIe siècle.) — L’architecture chrétienne de l’Orient offre des caractères particuliers qui en font un style à part, bien différent de celui qui fut consacré aux basiliques de Rome et reproduit dans tout l’empire occidental. Nous essaierons d’indiquer les principaux types de cette architecture, qui exerça une si grande influence sur les constructions des XIe et XIIe siècles en France.

Eusèbe, historien de Constantin, décrit quelques-uns des principaux temples chrétiens fondés par ce prince et par sa mère dans plusieurs provinces de l’Orient. Ils étaient circulaires ou octogones pour la plupart, et étaient surmontés de dômes très-élevés. C’est ainsi que, la vingt-deuxième année de son règne, l’empereur fit construire la belle basilique d’Antioche, dédiée à la Vierge, et surnommée le Temple-d’Or. Il lui donna la forme d’un octogone, entouré d’exèdres et de chapelles[1].

Le temple de l’Ascension, fondé par Hélène, mère de Constantin, sur le Mont-des-Olives, était circulaire, comme le prouve le plan dessiné sur de la cire au VIIIe siècles, et gravé dans les Acta sanctorum.

Les églises de Saint-Marcellin et de Sainte-Constance, à Rome, présentaient des dispositions analogues, et étaient surmontées, comme les monuments de la Syrie mentionnés plus haut, par des coupoles construites en pierres ou en poteries. La préférence accordée de nos jours par les peuples orientaux aux voûtes sphériques sur les couvertures d’un autre genre, remonte donc aux premiers siècles de notre ère, et fut peut-être une des causes qui conduisirent les chrétiens grecs à donner la forme ronde ou en polygone à leurs premières églises.

Fig. 1. — Plan de l’Eglise de Saint-Vital, à Ravenne, fondée en 547.

Église de Saint-Vital à Ravenne. — Un monument qui, bien qu’élevé en Occident, est d’origine orientale, puisqu’il fut construit par des artistes grecs, pour les exarques qui commandaient au nom de l’empereur de Constantinople en Italie, peut servir de base pour étudier l’architecture Byzantine : c’est l’église de Saint-Vital de Ravenne. Dans ce temple, qui date du sixième siècle, plus que dans aucun de ceux qui existent encore en Orient, on remarque la plus grande analogie avec les descriptions d’Eusèbe, lorsqu’il mentionne les basiliques chrétiennes consacrées par Constantin et par sa mère.

En effet, le plan est un octogone, comme on peut le voir par le dessin. Des chapelles demi-circulaires et des exèdres sont placés sur plusieurs points de son périmètre. L’ordonnance de l’architecture est établie sur les principes antiques, mais les détails sont d’un style tout particulier, qu’on reconnaîtra plus loin pour être d’origine byzantine. Une galerie établie au premier étage forme des tribunes semblables à celles qui, dans toutes les églises de l’Orient, étaient réservées aux femmes ; usage de la primitive église, conservé encore de nos jours dans cette contrée. Une coupole hémisphérique, construite à une grande élévation au-dessus du sol, comme celles des églises mentionnées par Eusèbe, couronne le monument et s’éclaire par des fenêtres percées dans la partie basse de la voûte, au-dessus du grand cercle. autre caractère byzantin qui sera confirmé par les nombreux exemples cités dans la suite. Enfin, des pendentifs, dont

  1. Eusèbe, liv. III, c. 50 ; et Abulpharaius, arabe, p. 85.