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mauvaises passions. Les enfants n’échappent pas à ces influences funestes ; ils en subissent le contre-coup. En 1897, M. Fouillée, étudiant dans la Revue des Deux Mondes la situation de la France, écrivait : « La précocité est une des traits douloureux de notre époque. On remarque dans les actes des jeunes accusés une exagération de férocité, une recherche de lubricité, une forfanterie de vice singulières. La prostitution enfantine va aussi croissant, et on a estimé à 40 000 en dix ans le nombre des enfants atteints ! »

En présence de cette situation, on voit des législateurs s’essouffler à réclamer des réformes variées. Assurément, il y a toujours des progrès à réaliser dans la législation ; mais on se trompe en croyant trouver dans ces progrès des solutions suffisantes et définitives. C’est sur les mœurs qu’il faut agir ; la famille doit être restaurée sur ses bases anciennes ; il est nécessaire que l’esprit chrétien les vivifie à nouveau. Beaucoup ne savent plus sur quoi appuyer le devoir, et, dans l’incertitude où ils sont, ils en méconnaissent les prescriptions et jusqu’au nom. Comment une société peut-elle espérer se maintenir dans ces conditions ? elle était en possession de promesses de vie : elle les repousse ; aux autels anciens, elle veut substituer le règne des négations, des incertitudes et des insouciances : ce n’est pas ainsi qu’une restauration sociale peut être espérée.

Je fais depuis longtemps partie du parlement ; j’y vois des discussions se prolonger à perte de vue sur des bagatelles. Quand l’un de ces débats portant sur un problème minuscule a pris fin, d’un côté on se félicite de la victoire, du côté opposé on déplore la défaite ; en réalité, les solutions intervenues peuvent prévenir ou atténuer certains maux ; elles sont impuissantes à discipliner les âmes. Les lois d’enseignement ne sont certes pas sans efficacité ; mais elles n’ont d’influence réelle et bienfaisante que quand, tout en aidant au développement de l’intelligence, elles contribuent à graver efficacement dans les cœurs la loi du devoir. C’est à ce soin que tous devraient se consacrer, en n’accordant qu’une importance secondaire à des controverses dont la portée et les effets seront fort toujours restreints.

Ch. Woeste.