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REVUE FRANCO-AMÉRICAINE.

cliché de républicains que l’on croyait austères à voir leurs habits mal coupés et qu’elle ravivera sans doute dans Paris cet atmosphère de luxe et de légèreté que j’entends moins reprocher à l’Empire depuis mon adolescence. Avec le goût des dépenses officiellement encouragé par l’État, les déprédations augmenteront-elles ? C’est probable ! Mais au lieu que soigneusement, les deniers dissimulés s’aillent empiler à Londres sous d’habiles séparations de biens, ce qui est la forme du vol réglementaire actuel, ce sera le commerce parisien qui se chargera de conserver aux industries nationales, l’argent qu’entre deux sourires, il aura très vite fait de revoler à nos prodigues, et puis, enfin, le luxe renaitra : petit à petit la daumont cessera d’être le privilège exclusif du Gardien de la Constitution, la Chambre même et le Sénat seront balayés, aérés, et garnis de rocking-chairs en laqué blanc, les ministres emploieront les fonds secrets de petits jardins à Neuilly ou à Auteuil, à entretenir quelques vierges de bonne famille. De nouveau l’amour sera de mise comme sous la Régence, excessivement cher comme sous l’Empire, mais en somme, quelque prix que lui aient couté les échelles de soie de Mr de Morny, la Vie Parisienne en conservera toujours quelque chose de plus que des échelles de primes de Mr Wilson. — A. P.