Page:Revue franco-americaine - volume 1 - juin 1895.djvu/170

Cette page n’a pas encore été corrigée

PAUL BOURGET. — Académicien d’hier. Le plus intelligent peut-être de cette génération de romanciers français, qui est directement issue de Balzac. A appliqué à l’œuvre d’imagination les procédés et les ressources de la philosophie moderne et a écrit ainsi des livres qui sont de très curieuses, de très élégantes et de très originales hypothèses psychologiques. D’un séjour aux États-Unis, il a rapporté une étude des mœurs américaines, « Outre-Mer », qui fut vivement commentée de l’autre côté de l’Atlantique.

PRO DOMO.

À Monsieur le prince André Poniatowski,
Directeur de la Revue Franco-Américaine.
Cher Monsieur,

Vous m’offrez bien gracieusement l’hospitalité de votre Revue pour répondre, me dites-vous, aux critiques publiées sur mon Outre-Mer dans les journaux et les périodiques Américains. Laissez-moi d’abord vous remercier, et puis vous dire que je suis très embarrassé de profiter de votre offre, non pas tant à cause du « moi » toujours haïssable, qu’à cause de la nature même de mon livre. J’ai passé un peu plus de neuf mois aux États-Unis, et j’ai écrit sur eux près de sept cents pages. Ces chiffres, mis en regard l’un de l’autre, suffisent à m’enlever le droit de me plaindre si des écrivains qui, eux, ont vécu trente, quarante, cinquante ans dans le pays, qui sont du pays, qui ont la perception inconsciente, cet instinct profond et héréditaire du sol natal, me disent : « Vous vous êtes trompé. » J’aurais à relever tout au plus la façon de le dire. Mais, quoique ces neuf mois d’Amérique aient été très courts, ils m’ont suffi pour me convaincre que les différences d’éducation sont plus fortes que partout ailleurs, dans