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REVUE FRANCO-AMÉRICAINE.

Voilà ce que Kiel devrait nous enseigner, voilà ce qui devrait remplacer dans les petites cervelles affolées de nos gouvernants cette griserie, qui les prend chaque fois qu’un pays ami nous autorise, la veille d’un emprunt, à le compromettre à grands coups de gueule dans nos gazettes et nos réunions.

Ne parlons pas de la plus-value économique dont profiterait d’un coup tout le midi de la France ! C’est sans intérêt, étant du domaine de la Vie, et la Mort seule de nos jours étant capable de faire souscrire des millions !

Le difficile est de dire simplement une chose qu’on croit sensée, en ce temps où les régimes parlementaires et les écrivains publics sont commercialement astreints à n’annoncer au monde que juste ce qu’il faut pour être réélus ou relus par la suite.

L’on pouvait cependant espérer que de loin Paris verrait sous un autre jour cette lutte d’Indépendance Humaine de Cuba, qualifiée en Europe de révolte, de révolution, de rébellion ou de tout autre terme qui indique combien légère et incomplète est notre connaissance des faits.

Il suffit d’avoir visité une fois ce pays, pour se rendre compte que Cuba forcément sera libre demain, demain, je veux dire avant vingt ans.

Aucune force ne conservera à une métropole improductive une idée qui vaut par son seul travail et sa seule production plusieurs milliards.

Si ce pays est composé d’hommes d’une essence tant soit peu élevée, son indépendance est plus que naturelle ! La complète unité de leur œuvre aboutira de droit au libre arbitre de leur Colonie devenue Nation. C’est en ce moment ce qui se passe de fait, sinon de forme, aux colonies d’Angleterre comme le Cap, Natal, le Canada, et même les Indes. Or il suffit de comparer le large modus vivendi qui préside aux relations de l’Angleterre avec ses colonies à l’absurde formule coloniale Espagnole, pour tout comprendre et beaucoup excuser !

C’est certainement le sentiment public qui règne aux États-Unis à ce sujet.

Cependant depuis la mort de M. Gresham, un croiseur vient d’être dépêché à Keywest, pour surveiller les côtes, et empêcher les ports américains d’alimenter en quoi que ce soit l’armée havanaise ; c’est là une victoire de la diplomatie espagnole à Washington, victoire incompréhensible d’ailleurs.

Après Bourget, voici Jules Lemaître académicien, encore un ou deux hivers un peu rigoureux, et cette Société menace de devenir le centre du mouvement littéraire moderne.

Toutefois, il serait injuste de ne pas reconnaître à M. Zola une large part dans cette progression et nous n’en sommes plus à compter le nombre de scrutins faussés par sa constante et passive présence.

Tel, dans les grands haras, le boute en train, toujours dispos, préside sans y jamais prendre part à l’amélioration des générations qui suivent. — A. P.