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Des éléments appartenant à d’autres perversions se mêlent souvent, sinon toujours, aux pratiques masochistes.

Mais les plus fréquents sont les éléments fétichistes et homosexuels.

Pour ce qui est du fétichisme : les fourrures, les bottes, les fouets, font presque partie intégrante du masochisme. Nous verrons combien le sens symbolique de ces fétiches est significatif.

Pour ce qui est de l’homosexualité, on pourrait plutôt dire que beaucoup d’homosexuels se livrent de plus à du masochisme.

Personnellement nous avons observé huit cas d’homosexualité compliquée de masochisme.

Dans trois il s’agissait d’hommes qui s’arrangeaient pour se faire battre par leurs « amants ».

(Nous laissons complètement de côté ici le masochisme moral des homosexuels qui sera traité ailleurs.)

Dans les autres cas, des hommes invertis, appartenant à ce qu’il est entendu d’appeler un « excellent milieu » et particulièrement exigeants dans la vie courante pour tout ce qui concerne la propreté, l’hygiène et le confort, demandaient à leurs partenaires de leur uriner dans la bouche ou de leur déféquer sur le visage.

Mais l’observation la plus instructive est celle de Sacher-Masoch lui-même. Né en 1837, en Galicie, ses ascendants appartenant à la petite noblesse autrichienne, il représentait un mélange de sang allemand, slave et espagnol. Les personnages qui entourèrent son enfance semblent avoir joué un rôle prépondérant pour l’orientation de sa vie et de son œuvre littéraire complètement vouées au masochisme.

Tout d’abord sa nourrice (elle devait rester auprès de lui pendant de longues années) qu’il a dépeinte comme une femme très belle et majestueuse, lui donna le goût de la cruauté.

Toutes les légendes qu’elle lui racontait étaient remplies de tzars et de tzarines sanguinaires et toujours c’était la femme qui torturait ou tuait l’homme.

Ces images le marquèrent à tout jamais. Toute sa vie il chercha à se faire souffrir cruellement par la femme aimée.

Voici ce qu’il demandait « par contrat » à sa maîtresse :


« Contrat avec Mme Fanny de Pistor et M. Léopold de Sacher-Masoch. Sur sa parole d’honneur, M. Leopold van Sacher-Masoch s’engage à être l’esclave de Mme de Pistor et à exécuter absolument tous ses désirs et ordres et cela pendant six mois.