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POÉSIES

LA VIE IDÉALE

Une salle avec du feu, des bougies,
Des soupers toujours servis, des guitares,
Des fleurets, des fleurs, tous les tabacs rares,
Oit Von causerait pourtant sans orgies…

Au printemps, lilas, roses et muguets ;
En été, jasmins, œillets et tilleuls,
Rempliraient la nuit du grand parc, où seuls,
Parfois, des rêveurs fuiraient les bruits gais.

Les amis seraient tous de bonne race,
Dompteurs familiers des Muses hautaines,
Et les femmes, sans cancans et sans haines,
Illumineraient les soirs de leur grâce.

Et Von songerait, parmi ces parfums
De lagae, des mouchoirs, des peignoirs,
Des fins cheveux blonds, des lourds cheveux-noirs,
Aux pays lointains, aux siècles défunts.

Charles Cros.