Page:Revue du Pays de Caux n5 novembre 1903.djvu/33

Cette page a été validée par deux contributeurs.
193
LA RICHESSE ITALIENNE

ajouté foi de ce côté-ci de la frontière. Si les exportations d’Italie en France qui étaient de 498.980 francs en 1887 baissèrent les années suivantes jusqu’à 136.389 francs, dans le même temps, les exportations italiennes en Angleterre, en Allemagne, en Suisse, aux États-Unis, passèrent respectivement de 79 — 115 — 100 — et 35 millions de francs à 151 — 235 — 204 — et 139 millions de francs. Cela suffit à faire comprendre que l’Italie a pu se passer de nous, comme nous avons pu nous passer d’elle ; s’étant ouvert ces nouveaux débouchés, elle n’a pas, le jour où elle revient à nous, à montrer une mine repentante et à crier merci.

Si l’on pousse plus avant l’examen des statistiques du commerce extérieur, on s’aperçoit que le déficit des récoltes, bien qu’amoindri, demeure considérable ; pour son alimentation, l’Italie restera évidemment tributaire des autres pays. Par contre, la valeur croissante des importations de matières premières indique le développement certain de l’industrie nationale. Quant aux exportations de matières premières et surtout de produits travaillés, elles ont passé de 170 et de 551 millions en 1895, à 242 et 867 millions en 1902 : autre signe évident de prospérité.

Mais, si l’on veut se rendre compte de ce que l’avenir réserve à la péninsule, il faut la considérer sur la carte ; sa richesse certaine s’y inscrit en traits significatifs ; la force motrice par excellence, puisqu’elle produit l’électricité, y est emmagasinée en quantités incroyables ; le réservoir hydraulique des Alpes est si complet, si bien disposé, celui des Apennins partage si également le territoire que nul pays au monde ne pourra, plus tard, disposer de pareilles ressources industrielles ; d’autre part, la prodigieuse étendue de son littoral destine l’Italie à voir la navigation (cabotage et long cours) prendre chez elle un développement nécessaire. Ce sont l’absence de capitaux suffisants et aussi le manque d’initiative des citoyens qui ont retardé la mise en valeur du pays au point de vue industriel ; elle ne pouvait se faire, d’ailleurs, avant que le progrès scientifique n’eut dompté le fluide électrique et découvert les multiples applications dont il est susceptible. Les mêmes raisons ont détourné les armateurs d’une carrière que l’accroissement du commerce lointain et de l’aisance nationale pouvait seul rendre fructueuse. Il se trouve ainsi que les deux plus grandes sources de la fortune italienne sont encore presque intactes ; la mer et les fleuves constituent pour le pays comme d’énormes coffres-forts bien remplis — à la différence de celui de la fameuse Thérèse. La