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jour et des publications supplémentaires venir compléter les livres jaune, bleu, rouge, etc…, qu’éditent les divers gouvernements, on ne trouverait pas trace d’une semblable préoccupation. Bien plus : par crainte de complications inutiles et fâcheuses, si un autre gouvernement — celui de l’empereur François-Joseph, par exemple — avait naguère pris l’initiative d’une manifestation sympathique à l’égard du pouvoir temporel du Saint-Siège, il est à croire que nos agents se fussent employés de leur mieux à décourager cette tentative.

Tels sont les éléments très variés dont était fait ce malentendu franco-italien, entré désormais dans le passé. L’histoire et ses étranges péripéties en avaient tissé la trame ; s’étaient alors enchevêtrés les services rendus et payés, les ambitions déçues, les orgueils exaltés, les abandons ressentis et sur le tout, comme un semis, étaient tombés les incidents malencontreux, les paroles maladroites, les actes incompris,… Qu’allait faire jadis le prince de Naples aux côtés de Guillaume ii, une année où les manœuvres allemandes avaient lieu autour de Metz ?… Ces froissements ne sont plus possibles. Des explications loyales ont été échangées de part et d’autre. On s’est aperçu alors que les intérêts politiques des deux puissances n’avaient rien d’incompatible. Car c’était là encore un cheval de bataille que montaient volontiers les gallophobes transalpins. Ils accordaient qu’il pût y avoir à l’entente des deux pays un avantage économique, mais ils présentaient obstinément la méditerranée comme le champ clos des disputes fatales que réservait l’avenir. La méditerranée n’est-elle point espagnole — et même anglaise grâce à Gibraltar, à Malte, à Chypre, à l’Égypte — aussi bien qu’italienne et française ? Et les peuples mêmes dont elle ne baigne point les rivages n’ont-ils pas un intérêt capital à y maintenir l’équilibre ?

Ces idées étaient entretenues par la menace, souvent répétée dans la presse italienne, d’une occupation éventuelle de la Tripolitaine. Or, nous n’avons point le moyen — en eussions-nous le désir — de prendre toute l’Afrique du nord ; entre le Maroc et Tripoli, nos tendances annexionistes ne sauraient hésiter ; le Maroc nous importe, la Tripolitaine point. Il suffisait d’en causer : c’est fait. Tout élément de dispute, de ce côté, a disparu.

Le roi et la reine d’Italie pouvaient dès lors entrer à Paris,