dans l’univers catholique. Louis-Napoléon Bonaparte, qui venait d’être élu président de la république française et travaillait dès lors à préparer la restauration de l’empire, ne pouvait trouver une meilleure occasion de se faire reconnaître pour le « fils aîné de l’église » et de mettre en pratique la politique traditionnelle de la France. Il envoya une armée assiéger Rome qui fut prise et rendue au pape. Entre temps les troupes autrichiennes avaient vaincu à Custozza, puis à Novare, l’armée piémontaise démoralisée. Venise capitula ; les gouvernements de Toscane, de Modène et de Parme se virent restaurés, une fois de plus, par les armes autrichiennes. Consultées pendant cette brève émancipation sur leurs vœux d’avenir, les populations des duchés et celles de la Lombardie n’en avaient pas moins affirmé à d’énormes majorités (561.000 voix contre 681 en Lombardie) le désir de l’unité nationale. On pouvait penser dès lors que ce mouvement unitaire aurait son centre en Piémont ; ce pays, restant seul en possession des institutions libérales concédées par Charles-Albert et continuant de se réclamer du drapeau italien, devait attirer à lui tous les vaincus de cette longue crise. Le faible Charles-Albert avait d’ailleurs disparu dans la tourmente et abdiqué en faveur de son fils : le pays avait désormais en Victor-Emmanuel ii un souverain résolu ; il allait posséder en Cavour le plus grand homme d’état des temps modernes.
Les Italiens sont donc dans la vérité en se donnant à eux-mêmes le principal mérite du travail unitaire qui s’est opéré dans leurs rangs et les Français sont mal venus à discuter l’importance de ce travail et la force souterraine qu’il a déchaînée. Comment nier ce mouvement qui se révèle par une semblable série d’efforts, infructueux peut-être, mais se renouvelant sans cesse et tendant tous au même but, par une persévérance si robuste et une si méritoire opiniâtreté ? Comment nier d’autre part que loin d’avoir reçu l’aide de l’étranger, ce sont l’Autriche et la France qui, à plusieurs reprises, ont arrêté par la force l’essor dudit mouvement. À la date de 1852, lorsque le comte de Cavour devint chef du ministère, l’unité italienne était autrement en avance que l’unité allemande ; de celle-ci — qui du reste à l’heure actuelle n’est pas achevée — on pouvait encore douter ; il suffisait de regarder