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MER OU CONTINENT

sition d’Hanoï. Que faut-il donc pour nous attrister et que faut-il pour nous inspirer un légitime orgueil ?

Les souvenirs d’autrefois doivent s’incruster dans nos mémoires. Ne lâchons plus la proie pour l’autre et périssent les principes creux et les ambitions vaniteuses plutôt que le radieux empire de la France lointaine.


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CE QUI SE PASSE DANS LE MONDE



Les événements se sont chargés de donner une rapide confirmation aux conclusions exposées dans notre dernier numéro par l’auteur de l’étude intitulée : Que faut-il penser du socialisme ? Des tentatives de grèves générales ont eu lieu sur les points les plus divers du globe et toutes ont échoué misérablement, non sans avoir accumulé beaucoup de ruines et de souffrances. Il en sera toujours ainsi tant que les ouvriers ne voudront pas se rendre compte qu’ils vont directement à l’encontre de leurs intérêts en écoutant les dangereux conseils et les violentes diatribes des meneurs empressés de se faire, de chaque grève, un piédestal personnel. Du reste, pour ce qui concerne la France, les patrons, peuvent, cette fois, rendre des points en fait de maladresse et de naïveté, à leurs ouvriers. L’idée de traiter les syndicats jaunes comme quantité négligeable, alors que se présentait une occasion de les encourager et de fortifier leur action, est assurément l’une des plus étranges et des plus ineptes qui aient pu venir à des directeurs de grandes Compagnies. Ils ont craint, en favorisant les jaunes, d’exaspérer les rouges et de prolonger la grève ; mais il y a des instants où il faut savoir regarder au delà du moment présent et deviner les conséquences lointaines des actes qu’on accomplit. Les ouvriers ont montré à leur tour de quelle dose de naïveté ils étaient capables en s’insurgeant contre les décisions des arbitres qu’ils avaient acceptés. Qui dit arbitrage dit renoncement anticipé des parties en présence à toute protestation et promesse formelle d’obéissance. Les ouvriers de France s’en doutaient-ils ?