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ment redevenir une minorité. L’autre route, celle du Nicaragua, présente aussi des avantages : elle n’est pas entièrement condamnée ; ses partisans sont nombreux. Si la Colombie lassait la patience du président Roosevelt, celui-ci aurait vite fait de changer son fusil d’épaule et de se retourner vers le Nicaragua. Les Colombiens feront donc sagement d’y regarder à deux fois avant de poursuivre la politique d’exigences et de lenteurs à laquelle ils ont cru habile d’avoir recours.

Changements de Cabinets.

En Espagne comme en Serbie, il y a eu deux crises ministérielles l’une sur l’autre. Alphonse xiii est toutefois demeuré dans la vérité constitutionnelle dont le roi Alexandre s’est un peu écarté en composant son cabinet de personnalités connues surtout par leur dévotion à sa personne. Le roi d’Espagne ayant vainement essayé de retenir M. Sagasta, l’éminent chef du parti libéral, a dû recourir à M. Silvela, chef du parti conservateur depuis l’assassinat de l’illustre Canovas del Castillo. M. Sagasta termine ainsi sa longue carrière d’homme d’État par un échec retentissant. Et à vrai dire — en dehors des difficultés grandes de sa tâche — c’est un peu sa faute s’il n’a plus trouvé les collaborateurs dont il avait besoin. Sagasta n’a pas su maintenir fermement le drapeau du libéralisme. En Espagne ce n’est pas comme en France ; le cléricalisme n’y est pas un vain mot, un ridicule croquemitaine ; c’est une puissance très redoutable et assurément beaucoup trop forte pour la sécurité de l’État. Les libéraux avaient adopté à son égard une ligne de conduite très modérée mais sagement résistante. Sagasta ne s’y est pas tenu ; il a fait concessions sur concessions dans le désir très louable de faciliter au jeune souverain des débuts difficiles. Le calcul était maladroit ; car si quelque chose pouvait aplanir la route sous les pas d’Alphonse xiii, c’était que son avènement ne fut pas le signal d’une réaction cléricale trop marquée. Le pays, auquel on a tant répété que son nouveau roi était inféodé aux prêtres et en subissait l’influence, conserve quelque inquiétude à cet égard. Une sorte de faillite du parti libéral ne serait pas pour lui rendre confiance.

D’autres changements de cabinets se sont produits ailleurs encore ; et l’un des plus remarquables est celui qui ramène à la