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REVUE DU PAYS DE CAUX

Forum — et d’autres autour de cette enceinte que la postérité se trouvait avoir beaucoup rapetissé sans le savoir. Les touristes, évoquant les foules qui avaient processionné là ou s’y étaient battues, s’étonnaient de l’étroitesse des voies et de la mine resserrée des édifices. L’explication est fournie aujourd’hui, qu’un savant déblayage a fait surgir des fantômes de pierre absolument inattendus ; il a fallu détruire le travail des pluies séculaires qui avaient comblé de terres charriées tout le vallon, au point d’en modifier complètement les silhouettes. La basilique Almilia, la Regia où demeurait le grand Pontife, le temple de Jules César, le temple et la bibliothèque d’Auguste, la fontaine Juturne et ses petits sanctuaires, enfin le cloître de la maison des Vestales sont apparus, ruinés sans doute, mais très nettement dessinés et facilement réalisables pour des yeux instruits des choses du passé. Ce n’est pas tout : sous le Forum impérial, on a retrouvé les constructions de la République et plus bas encore celles des fondateurs de Rome. À l’endroit même où d’anciens textes en indiquaient la présence, le tombeau de Romulus a été exhumé, entouré d’inscriptions rares et précieuses et l’on dit que nulle crypte antique ne saisit davantage le voyageur par la farouche simplicité de ses lignes et de sa beauté.

La Question des Sucres.

Aimez-vous le sucre ? On en a mis partout… Pour parler plus justement, c’est la betterave dont on a abusé un peu partout et dans le pays de Caux, en particulier. La faute en est à la loi de 1884, mais ce n’est pas une raison suffisante pour adresser à cette loi les épithètes injurieuses que lui a décernée, à tant de reprises, une critique superficielle et intéressée. Avant 1884, le rendement de la betterave, en France, était de 5 à 6 pour 100 de sucre ; ce rendement est aujourd’hui de 15 pour 100. L’industrie a donc progressé largement. On a dit, d’autre part, que le Trésor y avait perdu et que le régime des primes avait été ruineux pour la fortune publique ; ce n’est pas exact, car si le total des primes accordées s’est élevé à plus de onze cents millions, cette somme n’est pas sortie des caisses de l’État ; on l’a obtenue par des exemptions d’impôts accordées aux quantités de sucre produites en excédent du rendement légal. D’ailleurs, depuis 1884,