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sucé de ces doctrines ce qui était propre à la consolider en la réformant ; elle s’est refait une jeunesse sous un visage nouveau et le socialisme, en complète opposition avec les passions nationales et les appétits robustes des grandes races qui dominent l’univers, affaibli de plus par les saignées faites à son programme, est condamné à une lutte inégale. Voilà la vérité qui n’apparaît pas au regard myope et que l’on saisit dès qu’au lieu de fixer le détail, on cherche l’ensemble. Les Français sont plus éloignés que d’autres d’en accepter l’augure. Ils sont en retard sur ce point. Le socialisme parti de chez eux pourtant en 1848, n’y est rentré que tardivement ; ils ont été lents à s’apercevoir de ses progrès au-dehors et à admettre qu’il pût y avoir là, les éléments d’une formule pratique. Lorsqu’ils sont entrés dans ces vues, le déclin commençait chez d’autres peuples. Aveugles jadis à voir monter le socialisme, ils le sont à présent à le voir descendre ; ils s’imaginent, du moment que ses doctrines prospèrent chez eux, qu’il en est de même partout. Il y a là un réel danger ; la malheureuse France n’a que trop de tendances à se croire le flambeau de l’humanité ; elle s’est plusieurs fois mise en route, persuadée que les nations la suivaient à l’envi ; et, se retournant, elle s’est trouvée seule. Plaise à Dieu que ce malheur ne lui arrive pas sur un terrain aussi glissant que celui des réformes sociales. Cela lui coûterait cher.

Voici donc nos conclusions très brièvement résumées. Le socialisme est une doctrine belle et respectable. — Elle pourra peut-être se réaliser un jour. — Présentement, le monde lui tourne le dos.

Vous ne vous laissez pas convaincre, ami lecteur ?… Eh bien, vous verrez si l’avenir ne nous donne pas raison.


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UN MILLIARDAIRE AMÉRICAIN —
ANDREW CARNEGIE



De tous les types de capitalistes que le Nouveau-Monde a produits, Andrew Carnegie est peut être le plus curieux et le plus