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qu’on se rendit à merci, quitte à ne pas faire usage de leur victoire. Le plus curieux, c’est que cette défaite, bien loin d’aigrir les vaincus, a modifié leurs vues. « Ce qui est incontestable, écrit M. Lazare Weiller qui vient de faire aux États-Unis un voyage d’étude des plus intéressants, c’est que les salaires ouvriers ont subi une progression « croissante depuis l’apparition des trusts et l’on se demande si, au lieu d’aboutir à des chômages, les progrès de leur outillage et les perfectionnements de leur administration n’amèneront pas les trusts précisément à une réduction rationnelle des heures de travail qui, en fait, s’est déjà produite plusieurs fois. Les ouvriers Américains se sont, du reste, livrés eux mêmes à des enquêtes dont les résultats sont connus. Car s’ils ne forment pas un parti politique distinct, s’ils ne sont pas une classe spéciale, ils sont certainement plus au courant que nos ouvriers de leurs intérêts matériels. Or, toutes leurs enquêtes ont abouti à démontrer et à prouver qu’ils avaient profité de l’organisation actuelle capitaliste et industrielle des États-Unis. C’est ce qui est arrivé notamment pour les ouvriers des chemins de fer, du pétrole, de la métallurgie et des industries sucrières. »

Ainsi, en admettant même que sous sa forme traditionnelle basée sur l’héritage, le capitalisme soit affaibli et usé, le voici qui renaît sous une forme nouvelle, très vivant, très robuste et prêt, on le sent, à une terrible résistance. Si le socialisme doit attendre pour lui succéder, que le capitalisme meure de sa belle mort, il attendra longtemps.


Les victoires des Socialistes se tournent contre eux

Un autre phénomène imprévu, s’est produit. Tandis que pour la plupart des réformes, chaque succès obtenu par les réformateurs avive leur zèle et les fait travailler avec plus d’ardeur à la réalisation intégrale de leur œuvre, ici, c’est l’inverse qui a lieu. Le socialisme a exercé sur beaucoup de points une influence bienfaisante ; il a déjà provoqué des améliorations nombreuses et certaines. Ces améliorations profitent non pas au régime social à venir, au nom duquel on les réclamait, mais au régime actuel auquel on les a imposés. Le socialisme, en effet, en est réduit à procéder par étapes ; il commence, malgré lui, par