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CE QUI SE PASSE DANS LE MONDE

L’Université de Pékin.

En tout, neuf candidats se sont présentés aux examens d’entrée de la nouvelle université de Pékin ; c’est moins qu’un succès, c’est un four ! La chose peut surprendre dans un pays où l’examen mène à tout, où on le trouve non-seulement à l’entrée de chaque carrière, mais aux différents échelons de la hiérarchie administrative. La qualité d’un mandarin se mesure en quelque sorte au nombre des épreuves qu’il a subies et sa science est considérée comme proportionnelle aux succès qu’il a remportés. Étaient-ils donc si terribles, ces examens d’entrée ? En voici le programme : une rédaction en anglais, des notions d’histoire et de géographie universelles, les principes de l’algèbre et de la géométrie élémentaires, de la physique et de la chimie expérimentales, une version anglaise et, enfin, un aperçu de droit international : le maximum des points est de 100 ; on est admis avec 60. On peut objecter que ce programme est par trop exclusivement Britannique, ce qui est compréhensible toutefois, l’université étant une fondation plus particulièrement Anglaise et Américaine ; mais en tous les cas, on doit reconnaître que le choix des matières est très judicieux : point de surcharges inutiles ; c’est bien le programme qui convenait à une Chine désireuse de s’entr’ouvrir à la civilisation occidentale. Or, il paraît que le désir était réel : de nombreux candidats tournaient autour de la nouvelle institution, mais ils ont trouvé l’épreuve trop dure, au-dessus de leurs forces ! Cela nous donne le diapason de l’intellectualisme Chinois. Nous nous en doutions bien ; nous avions l’intuition que le plus savant des Célestes ne savait quasi rien. La preuve est faite. Entortillé dans sa phraséologie creuse et dans sa philosophie sénile, l’esprit Chinois n’est plus bon à rien. Les Japonais s’instruisent avec une étonnante facilité ; l’Inde, dont les penseurs possèdent à tout le moins une doctrine qui n’est pas sans grandeur, a une jeunesse active et réfléchie ; mais la Chine est un vieux fruit si confit, qu’on se demande s’il reste encore autour du noyau un peu de sève.

La Question d’Albanie.

Il n’existe aucun trône d’Albanie, mais il pleut des prétendants prêts à s’asseoir dessus. Ils ont bien tort, d’ailleurs, les pauvres,