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CE QUI SE PASSE DANS LE MONDE

gleterre ait été mêlée intimement à ces aventures ; c’est elle qui a brûlé Jeanne d’Arc et fait périr Napoléon. Pour elle, le prince impérial a été tué au Zoulouland. Des analogies poignantes émaillent ses annales et les nôtres ; le procès et la mort de Louis XVI lui rappellent le sort qu’elle a fait subir à Charles Ier et l’exil de Charles X à Holyrood, celui de Jacques II à St -Germain.

Après les motifs historiques viennent les souvenirs des luttes géantes, de cette guerre de Cent ans qui conduisit Henri V à Notre-Dame de Paris et plus récemment de ce blocus continental par lequel Bonaparte faillit étrangler son ennemie. L’Inde Anglaise a sous les yeux la statue de Dupleix ; Montcalm et Wolfe partagent, à Québec le même monument. Partout, dans l’espace et dans le temps, les noms sont accouplés, les lauriers s’entrecroisent, le sang s’est confondu. Et, en dernier lieu, il y a la loi des contrastes. L’Anglais tenace, massif, morose adore le chant de l’alouette Française ; ce chant l’égaye et, inconsciemment, il tend l’oreille pour le recueillir.

C’est de tous ces sentiments confondus — et confus, qu’est faite la poussée d’enthousiasme dont le président de la République vient de bénéficier. En acclamant de tous leurs poumons good old Loubet, les Anglais ont prouvé à chaque instant la vérité de ce qu’avait dit dans son beau guildhall, en son costume moyen-âge, le lord maire de Londres, à savoir que, par dessus la personnalité très sympathique du chef de l’État, c’est à la France entière que s’adressaient les hommages.

Quelle sera la sanction de ce mouvement si heureux pour la paix du monde ? Arrivera-t-on à conclure un traité d’arbitrage ? Un groupe de sénateurs et de députés se sont rendus en Angleterre pour conférer avec leurs collègues Anglais à ce sujet. Même si le but n’est pas atteint, de tels pourparlers laisseront derrière eux une trace utile. Il ne faut pas trop compter sur l’arbitrage ou du moins il n’y faut compter que s’il ne s’agit point de questions vitales ; mais ce n’est pas un motif pour ne pas travailler à en rendre l’usage plus fréquent entre nations comme il le deviendra certainement entre individus.

Les élections au Reichstag.

La grande consultation électorale qui a eu lieu sur toute l’étendue de l’empire d’Allemagne constitue pour nous un vaste