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REVUE DU PAYS DE CAUX

Car — c’est triste à dire — les philosophes ne sont pas en général, des gens que l’on puisse donner en exemple, comme ayant vécu une vie supérieure à celle du commun ; et depuis le grand Socrate jusqu’au petit Schopenhauer, leur histoire est pleine de défaillances qui soulignent le divorce des belles théories d’avec les plates réalités. Il n’est pas jusqu’à Marc Aurèle, qui n’ait quelques incidents fâcheux à son actif.

Tous ces hommes-là avaient des parapluies, mais ils ne les ouvraient pas toujours à propos, ou les tenaient de travers.

Par contre, vous croisez chaque jour de braves gens qui font de la philosophie, comme M. Jourdain faisait de la prose — sans s’en douter. À l’aide de ce qu’ils savent, ils ont réfléchi sur ce qu’ils ignorent ; ils se sont donné des règles de conduite droites et simples ; ils s’en vont, avec une fierté modeste, le long du chemin qui leur a été attribué.

Suivez ceux-là et faites comme eux. Vous serez, vous aussi, des philosophes.


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CE QUI SE PASSE DANS LE MONDE



Nous ne parlerons pas cette fois-ci, de la grande figure qui vient de disparaître. Nous avons déjà eu maintes occasions de marquer de quelle importance a été, pour l’Église et pour le monde, le pontificat de Léon xiii, et il nous sera donné d’y revenir prochainement. Les circonstances qui ont accompagné la longue agonie du pape appellent seulement une réflexion que peuvent faire tous ceux qui ne se sentent pas aveuglés par la passion sectaire, la plus rapetissante des passions : quelle place immense la papauté tient dans les conseils de l’univers, et quel regain de force et de jeunesse elle a puisé dans la suppression de ce pouvoir temporel qui la diminuait et l’entravait ! Certes, à la mort de Pie ix, les souverains et les peuples furent émus et attendirent, anxieux, le premier geste de son successeur. Mais combien cette émotion et cette anxiété sont plus grandes aujourd’hui ! C’est bien le moment