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REVUE DU PAYS DE CAUX

La deuxième a lieu, lorsque les cardinaux, pour mettre fin à des difficultés insurmontables, conviennent de s’en rapporter à la décision de l’un ou de plusieurs d’entre eux. Tous les cardinaux présents doivent y consentir et le « veto » d’un seul annulerait le compromis. De plus, ils doivent signer au préalable, un acte déterminant les obligations de celui ou de ceux à qui ils ont remis leur pouvoir.

Le troisième mode — le scrutin — est le plus usuel. Chaque jour, on procède deux fois à la votation. Le matin, après la messe, de neuf heures à onze heures ; le soir, de cinq heures et demie à sept heures. Les deux tiers des voix sont exigés pour la validité. Lorsqu’il n’y a pas de résultat, la votation est annulée. Les bulletins, mélangés à de la paille humide, sont brûlés dans l’âtre de la petite cheminée, et le peuple apprend ainsi que le pape n’est pas élu.

La confection des bulletins et surtout le dépouillement du scrutin, sont choses extraordinairement minutieuses. Les détails en seraient longs et peu clairs, sans une démonstration pour ainsi dire matérielle, comme une leçon de choses. Le résultat seul importe. Et voici les dernières formalités.

Dès qu’un des cardinaux, dans le cas de scrutin, a réuni sur son nom les deux tiers des voix, le dernier créé des cardinaux-diacres agite la clochette. Les trois cardinaux en chefs d’ordre et le cardinal-camerlingue s’avancent vers l’élu et lui demandent : — « Acceptez-vous l’élection qui vient d’être canoniquement faite de vous au souverain-pontificat ? » Si l’élu répond affirmativement, tous les baldaquins s’abaissent sauf le sien. Les deux cardinaux placés près de lui s’écartent par respect, et le cardinal-doyen le prie de faire connaître le nom qu’il veut prendre.

Le premier maître des cérémonies dresse procès-verbal du tout.

Le nouveau pape, assisté des deux premiers cardinaux-diacres, va à l’autel, s’agenouille, prie. Il passe ensuite derrière l’autel, où on le revêt des ornements pontificaux. Il revient à l’autel, donne la bénédiction apostolique, s’assied sur le trône et reçoit « l’adoration » des cardinaux qui, à genoux, baisent son pied, sa main, et reçoivent de lui le baiser de paix.

Le cardinal-camerlingue passe au doigt du pape l’anneau du Pêcheur et le premier-cardinal-diacre, précédé de la croix papale, se dirige vers la loge de la bénédiction, fait abattre la cloison, et dit au peuple :