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JULES SIMON

sa statue s’élève à Paris pour rappeler son nom ; il faut encore que chacun sache pourquoi et comment il fut un grand Français.


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LA VIE ET LA MORT



Presque simultanément sont apparus aux devantures des libraires un gros bouquin qui s’intitule : essai de philosophie optimiste — et un petit bouquin qui relate la lugubre odyssée de la colonne Seymour en Chine. Un vieux savant, le docteur Metchnikoff est l’auteur du premier ; un très jeune enseigne de vaisseau, Jean de Ruffi de Pontevès est l’auteur du second.

Le livre du docteur est plein de choses gaies, très gaies même ; un critique a pu dire ces jours-ci que le conte de fée y côtoyait l’étude scientifique ; celui de l’enseigne de vaisseau est rempli de choses infiniment tristes, de massacres, de souffrances et d’angoisses. Or, quand on en a fini avec la prose de M. Metchnikoff on se sent las de la vie comme si le poids des ans vous accablait ; celle de M. de Pontevès vous laisse au contraire sous une impression saine de vigueur et de santé. Voilà un phénomène qui vaut, n’est-ce pas, quelques moments de réflexion ?

Le docteur Metchnikoff s’est indigné en constatant que le corps de l’homme était beaucoup moins bien construit qu’il n’aurait pu l’être. Il trouve que Dieu ne mérite pas un premier prix d’architecture ni même un accessit — et que ses connaissances en mécanique sont vraiment bien imparfaites. Ainsi, à quoi sert l’appendice ? c’est un organe de lapin ; heureusement la science s’est décidée à l’enlever. Il en sera de même du gros intestin et de l’estomac ; ce sont des organes de vaches. On en arrivera bientôt à perfectionner l’individu ; la chirurgie lui fera les retouches nécessaires. D’autre part, on le guérira de toutes les maladies en attendant qu’on l’en préserve. Pasteur dont se réclame le naïf savant en cette occasion, serait certes bien étonné d’être rendu