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CE QUI SE PASSE DANS LE MONDE

percer les mystères du Nord, on s’accorde à penser que ces dangers sont bien plus considérables encore dans l’autre hémisphère. Mais précisément parce que l’inconnu y est plus terrible il a suscité de nombreux héroïsmes. Or, depuis de très longues années, aucune expédition Française n’a été conduite en ces parages. Si Charcot parvient à secourir Nordenskiold que l’on croit perdu et à éclairer la science sur quelques points du problème austral, il aura certes bien mérité de la patrie.

Pendant ce temps on inaugure, en Scandinavie, le premier chemin de fer situé au-delà du cercle polaire arctique. La ligne de Lulea à Gellivara vient d’être prolongée jusqu’à Narwick au fond du fjord Lofoten. Il met l’extrémité du golfe de Botnie en communication avec l’Atlantique, traverse la Laponie de part en part et permet l’exploitation rapide des mines de fer — très riches, dit-on — qui s’y trouvent.

Gendarmes du désert.

Ce sont des meharistes ; on sait que le mehari est un chameau de course dont les allures rapides et l’endurance extraordinaire font une monture sans égale pour les habitués du Sahara. Que pouvaient nos cavaliers contre des Touaregs juchés sur de pareilles bêtes ? On s’est enfin décidé à créer un corps de meharistes, et c’est sous la protection de cette escorte qu’une reconnaissance moitié militaire, moitié savante a été dirigée récemment sur la route de Tombouctou. Elle s’est avancée jusqu’à mi-chemin entre In-Salah et Tombouctou. Les résultats de cette expédition paraissent fort satisfaisants. D’une part, ceux qui la dirigèrent rapportent la conviction que les Touaregs ne sont plus à craindre et que leur soumission est dorénavant complète et définitive ; la chose s’expliquerait par leur nombre relativement restreint. Au lieu d’être cent mille, comme on l’avait cru à un moment donné, ils n’atteindraient pas au delà de 7 à 8.000 et dès lors l’institution des « gendarmes du désert » suffirait pleinement à les tenir en respect et à assurer la sécurité de plus en plus complète des régions Sahariennes. D’autre part, le savant distingué qui accompagnait l’expédition a eu la surprise de trouver dans ces solitudes des traces fort curieuses d’une civilisation antérieure et généralement insoupçonnée ; ce sont, outre des ruines qui, à demi enfouies dans le sable, demanderaient à être fouillées pour livrer leurs secrets,