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CE QUI SE PASSE DANS LE MONDE

vait dans l’Iliade et dans l’Odyssée les preuves certaines que l’écriture, la monnaie et la sculpture étaient inconnus des héros Homériques. Mais voilà que des découvertes inattendues sont venues donner un démenti non moins certain à ces beaux raisonnements. Les fouilles de Crète ont mis au jour des milliers de briques couvertes d’écriture et elles ont ainsi révélé l’existence de deux systèmes graphiques entièrement distincts, quinze siècles avant Jésus Christ ; la découverte du palais de Minos a fait connaître des peintures et des sculptures remontant à plusieurs siècles avant la chute de Troie : enfin on a acquis la certitude que, trente siècles avant l’ère chrétienne, la monnaie existait déjà à Babylone. D’ailleurs Homère se complaît en des descriptions d’armes et de bijoux qui indiquent clairement un état de civilisation avancé ; pourquoi ne mentionne t-il point de documents écrits et prend-il des circonlocutions pour faire allusion à des échanges monétaires ? On est réduit à des conjectures ; peut être ces choses étaient elles considérées comme contraires à la poésie épique et peu dignes d’y figurer. Que Madame la critique, en tous cas, ne se hâte point d’expliquer ; elle pourrait bien recevoir promptement une nouvelle leçon de modestie.

L’état des forces dans les Balkans.

L’agitation Balkanique continue de préoccuper l’Europe. Si elle vous donne des insomnies, lecteur, voici quelques chiffres à méditer pendant vos nuits blanches. D’après la Kreuzzeitung, le Montenegro aurait un effectif de 38.000 guerriers munis de 30.000 fusils à répétition offerts par le Tsar à son fidèle ami. La Serbie qui se flatte d’avoir 250.000 hommes à sa disposition n’en pourrait en réalité mettre en ligne que 100.000. La Bulgarie, plus fortunée, pourrait compter sur 130.000 parmi les 200.000 qui figurent dans ses papiers. En Grèce, le déchet de 1897 fut énorme ; on ne put réunir que 80.000 hommes sur 160.000 et encore n’y en eut-il que 50.000 de vraiment utilisables. La Roumanie a 170.000 hommes dans son armée régulière et 50.000 dans ses milices, mais ces chiffres ne représentent d’unités sérieuses que diminués d’un bon tiers. Telles sont les appréciations du journal Allemand. Il est impossible de les contrôler ; d’ailleurs sur quels éléments sont elles basées ? Si serrées qu’elles soient, des enquêtes de ce genre laissent toujours une grande place à l’erreur.