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LE VOYAGE PRÉSIDENTIEL EN ALGÉRIE ET EN TUNISIE

pas interposée en cette circonstance entre un premier ministre maladroit et un gouverneur indispensable. Voilà pour le principe. Quant aux regrets que laissent aux amis de l’Algérie les qualités personnelles de M. Révoil, ils sont atténués par le fait que sa succession a pu être reprise par son prédécesseur. M. Révoil mettait en pratique le plan admirable conçu et tracé par M. Jonnart dont la haute intelligence et la noblesse de sentiments s’accordent avec une extrême connaissance des choses Algériennes.

Unie à la France depuis vingt deux ans seulement, la Tunisie nous est déjà plus familière que l’Algérie possédée depuis plus de 70 ans. Son succès rapide et indiscutable est aussi plus flatteur pour notre amour-propre. Des finances restaurées et prospères, 70 millions dépensés en travaux publics, le réseau des chemins de fer porté de 260 à 933 et bientôt à 1.357 kilomètres, 1.850 kilométres de routes, 3.147 de télégraphes, quatre grands ports construits, le commerce passant de 47 à 104 millions de francs, la valeur de la propriété décuplée, tels sont les brillants résultats du protectorat, régime illogique autant que l’on voudra, mais pratique et fécond. Le président de la République s’est plu à le constater en faisant en Tunisie une tournée que le ministre des Affaires Étrangères a complétée en son nom. La réception a été très chaleureuse ; à noter peut-être dans les allocutions prononcées par les consuls étrangers l’absence de toute mention relative à l’autorité supérieure de la France : omission involontaire sans doute, mais qui pourrait aussi ne pas l’être. Or, sur 90.259 étrangers, il y a là-bas 75.490 Italiens tandis que les Français sont 24.301 seulement ; ces chiffres sont un peu préoccupants.

Le président a visité Bizerte, bien entendu, et l’arsenal de Sidi-Abdallah ; il a vu partout la domination Française embellissant et fortifiant le pays et a recueilli les certitudes les plus consolantes sur l’avenir de richesse et de calme qui l’attend. Ainsi a pris fin ce voyage qui marque une date importante dans l’histoire de l’Afrique septentrionale et qui a produit ce double et heureux résultat d’intéresser davantage la métropole aux affaires de ses colonies méditerranéennes et d’aider à la pacification des esprits et à l’union des cœurs dans ces mêmes colonies. Ce sera pour