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REVUE DU PAYS DE CAUX

un douar ou réunion de tentes, fait partie de la ferka que dirige un cheikh ; la tribu est commandée par un caïd et plusieurs tribus réunies ont à leur tête un agha ; mais ces titres sont plutôt honorifiques. Entre les communes indigènes et les communes dites « de plein exercice » c’est-à-dire semblables à celles de France, on a intercalé sagement des communes « mixtes » dont le maire, nommé par le gouvernement, a des pouvoirs étendus tels que son autorité ne court pas risque d’être contrebalancée par celle du conseil municipal mixte qui l’assiste. Quant aux territoires militaires ils sont divisés en Cercles et administrés par des officiers. Trois justices de paix coexistent naturellement dans l’Afrique septentrionale ; la justice civile Française, la justice des territoires militaires confiée aux commandants supérieurs et la justice indigène présidée par le cadi. De même l’enseignement indigène commence à se développer et il existe jusqu’à des écoles nomades dont les tentes se déplacent avec le douar. Des hôpitaux Français et indigènes ont été créés… en tout cela, il reste beaucoup à faire ; mais l’effort initial est donné et c’est le plus méritoire.

Au point de vue de la terre cultivée, la portion qui est soumise à la loi Musulmane représente une étendue d’environ dix mille hectares contre 1.300.000 hectares de propriété indigène soumise à la loi Française et 1.800.000 hectares colonisés par des Européens. Cette dernière portion du sol comprend les propriétés régulièrement acquises par des particuliers et aussi les concessions de terrains accordées par le gouvernement ; il reste encore à peu près 900.000 hectares à concéder. Au moment de la conquête, le régime de la propriété était on ne peut plus compliqué, on distinguait les possessions du gouvernement Turc affermées à des Arabes qui les exploitaient plus ou moins régulièrement, celles des individus (très rares celles-là), celles des tribus, enfin les biens des mosquées et des confréries religieuses ; le domaine de l’État Français se forma peu à peu tant par l’appropriation de territoires inoccupés que par l’expropriation des terres indigènes abandonnées ou appartenant à des rebelles.

Pour en finir avec ces renseignements rappelons que l’armée d’Afrique comprend aujourd’hui tout le 19e corps d’armée et la division d’occupation de Tunisie, c’est-à-dire, en outre des troupes