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LA THÈSE DES NÉO-MONARCHISTES

moyens. Elle les dépassait si vous n’y réussissez pas. C’est la loi sociale, injuste peut-être ; la justice sociale est imparfaite et parfois fausse. Mais la société elle-même est imparfaite et ses lois sont conçues à son image. D’autre part, l’individu tend à viser plus haut qu’il ne peut atteindre et il est heureux qu’il en soit ainsi : c’est la condition du progrès. Ambition et succès, toute société est basée là-dessus, la monarchie d’hier comme la démocratie d’aujourd’hui. La famille ne doit pas emprisonner l’individu comme, dans le système collectiviste, l’emprisonnerait l’État. De tous temps l’individu a franchi des étapes fort inégales selon son mérite et sa chance. Et cela est vrai du chef d’État autant que d’un autre. Calculez ce que la France eût gagné si Louis XV ne lui avait pas été imposé par la succession monarchique et ce que les État-Unis eussent perdu si Abraham Lincoln n’avait pas été l’élu de la majorité républicaine ! Ce seul rapprochement ne dit-il pas le néant de la thèse de nos néo-monarchistes ?

Et puis, vous savez, tout cela, c’est de la discussion pour l’amour de l’art. Si respectée que soit en France Madame la Science, j’ai bien peur que le jour où ses prêtres les plus autorisés viendraient prêcher la nécessité du rétablissement de la royauté, les Français ne lui répondent : « Mêlez-vous, bonne dame, de ce qui vous regarde et laissez-nous nous gouverner à notre guise ». Ce n’est pas avec des raisonnements scientifiques qu’on renversera la République, même s’ils sont justes.

À plus forte raison, s’ils sont faux !


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BIBLIOGRAPHIE



Ont paru récemment :

Chez Hachette et Cie (79, boulevard Saint-Germain, Paris). — L’Empire Carolingien, par Arthur Kleinclausz (10 fr.). — Les écoliers de Crescent-House, par Mme Charlotte Chabrier-Rieder (2 fr.). — Très véridique histoire d’une petite fille, par Mlle Hannah Lynch (3 fr. 50). Chants populaires pour les écoles, par Maurice Boucher (0 fr. 75). — L’Espé-