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REVUE DU PAYS DE CAUX

davantage s’ils ne savaient pas, point par point, en entrant au gymnase, ce qu’on va leur demander. Quant à l’émulation, c’est un ressort pédagogique que les moralistes dédaignent et décrient volontiers, mais qu’il faut bien faire jouer tout de même, parce qu’il est le plus actif et le plus puissant ; et sûrement ce n’est pas une des moindres excuses d’Adam, dans le paradis terrestre, que de s’être trouvé seul avec sa femme, sans un autre homme avec qui se mesurer ! L’émulation est, à sa place, dans les exercices physiques comme ailleurs ; surveillez-la seulement pour que chez les garçons de tempérament trop ardent, elle ne provoque pas des efforts dangereusement exagérés. Mais, non plus, ne craignez pas l’effort. Il va sans dire que notre programme est rédigé en vue des garçons bien portants et normaux ; il ne s’applique ni aux tout jeunes, ni aux maladifs ; il n’exige pas d’ailleurs une nature particulièrement robuste et peut très bien convenir aux délicats qu’il fortifiera ; les délicats ne sont pas des maladifs. Une éducation physique sans effort n’en est pas une. Ce qui est à redouter c’est l’effort local, celui que caractérise très bien la locution populaire « se donner un effort » ; l’effort général est rarement redoutable si vous l’exécutez en observant les lois de l’hygiène et c’est lui seul qui conduit à l’endurance.

L’hygiène, voilà le « parapet » à suivre ; il n’en est pas de plus sûr. Et c’est trop peu de vous en servir vous-même ; il faut apprendre à vos fils à s’y tenir. L’éducation physique est, par excellence, le jardin d’essai des habitudes hygiéniques ; très tôt on peut expliquer aux enfants les moyens de contrôler leur fatigue et de faire l’inventaire des forces dont ils disposent de façon à aller jusqu’au bout, s’il le faut, mais pas au delà. Le petit manuel d’Hygiène Athlétique (Alcan, éditeur) qu’a publié l’Union des Sports Athlétiques et qu’a rédigé une commission technique présidée par le Dr Brouardel, doyen de la Faculté de médecine, contient des indications élémentaires très précieuses. Méditez les et dressez vos enfants à y penser et à s’en servir.

« Et maintenant, direz-vous, à quoi toute cette peine et tout ce tracas que j’aurai eus, aboutiront-ils ? à faire de mes fils des acrobates ? Je ne le désire pas. À consolider à jamais leur santé ? En suis-je bien certain et d’ailleurs, une existence saine et régulière