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L’ÉDUCATION PHYSIQUE DE VOS FILS

pourtant d’une faculté fort utile ; on peut dire du lancer qu’il est l’alphabet du tir, car il forme à merveille le coup d’œil. C’est en lançant qu’on apprend le mieux à évaluer les distances, qu’on se rend le mieux compte de la prodigieuse gaucherie d’un membre inexercé et qu’on arrive à la corriger. C’est aussi un exercice pour lequel toutes les théories du monde ne signifient rien et qu’une pratique opiniâtre peut seule nous rendre familier. On lance avec la main, avec le bras et avec le pied. À tous ces mouvements l’homme inexercé est également maladroit. Prenez soit un galet bien rond, soit ce qui vaut mieux une de ces balles dont les collégiens se servent pour « caler » comme ils disent. Elles ont la forme et la dimension d’une balle de tennis, mais elles sont beaucoup plus lourdes. Le but à atteindre doit être une surface blanche — une surface de carton par exemple d’environ deux mètres carrés. Vous la placez d’abord à une faible distance, puis vous l’éloignez au fur et à mesure que l’expérience vient. Ce lancement est le plus difficile et le plus utile de tous ; la détente du bras s’obtient assez vite, mais c’est la main, ce n’est pas le bras qui atteindra le but. Au moment précis où les doigts s’ouvrent pour lâcher l’objet, le bras doit donner l’élan et la paume la direction ; cette concordance est indispensable à réaliser et là est précisément le point délicat ; la main et le bras gauche sont naturellement les plus réfractaires ; aussi peut-il y avoir intérêt à commencer par eux. Le lancer du javelot — un bâton bien choisi, aiguisé par devant et un peu alourdi par derrière fait un excellent javelot — est aussi bon à pratiquer. Quant à la sphère pesant jusqu’à 7 kilos 250, dont on se sert dans les concours, elle n’est pas d’un emploi recommandable en éducation physique. C’est un simple exercice de force qui ne convient qu’aux hommes faits. L’effort qui la détache est le fait du corps tout entier arc-bouté contre le sol et la détente de la jambe vient s’y ajouter à celle du bras. Hormis l’intérêt historique qui s’y rattache, le disque ne présente aucun avantage : il n’a aucune supériorité sur la balle ou le javelot. Nous nous en tenons donc à ces deux objets si faciles à se procurer et qui sont très suffisants pour former un bon lanceur. Reste le lancement avec le pied. Il faut avoir un gros ballon de cuir solide et fortement gonflé. On peut le frapper soit de pied ferme, soit en courant. De toutes façons on doit devenir maître de la direction que le coup imprime au ballon et approximativement de la distance à laquelle on l’envoie. Ce n’est pas si simple et vous n’y parviendrez qu’au bout de longtemps. Un excel-