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CE QUI SE PASSE DANS LE MONDE

l’Allemagne et la Hollande ne parviennent pas à s’entendre ; il y a aussi l’île Saint-Thomas que les États-Unis sont prêts à acheter au Danemark mais dont les conditions de vente soulèvent plusieurs détails litigieux… Ces petits conflits seront pacifiquement dénoués par l’honnête tribunal ; seulement chacun reconnaîtra qu’en aucun cas ils n’eussent dégénéré en querelles sérieuses ; depuis longtemps il est coutume, entre les puissances, de déférer à un arbitrage ce genre de désaccords sans qu’il soit besoin d’un tribunal permanent. Mais allez donc offrir à la Turquie, à l’Allemagne, à la Russie, à l’Angleterre de porter devant les juges de La Haye les problèmes Arménien, Polonais, Finlandais et Irlandais. Vous verrez si vous serez bien reçu. Ainsi en sera-t-il de tout conflit grave, et dès lors on se demande si l’existence du tribunal de La Haye est propre à servir les intérêts pacifiques en rappelant aux peuples la valeur de l’arbitrage international, ou bien si la vue de son inactivité forcée n’est pas de nature à desservir ces mêmes intérêts en soulignant l’impuissance de l’institution.

Émigration Transatlantique.

Le mouvement qui portait naguère tant d’Européens vers le Nouveau-Monde et qui se chiffrait en 1891-1892 par 623.000 émigrants, s’était beaucoup ralenti. En 1896-1897 le total des immigrations était tombé à 230.000. Or, en 1900-1901, il est remonté à près de 500.000. Ceux qui émigrent de la sorte se divisent en deux groupes ; les uns, et de beaucoup les plus nombreux, sont des travailleurs manuels presque dénués de ressources ; ils viennent d’Italie, de Russie et d’Autriche. Les autres provenant d’Angleterre, de Suède, d’Allemagne, appartiennent en général à une classe sociale relativement aisée. En 1900-1901 il est venu 134.000 Italiens et 113.000 Autrichiens, 46.000 Anglais, 30.000 Suédois, 12.000 Norvégiens, etc. Il vient aussi des Roumains, des Portugais, des Français, des Suisses, des Belges, des Hollandais, mais en petit nombre. À remarquer le chiffre très élevé proportionnellement des émigrants Grecs : près de 6.000 contre 4.000 Portugais, 3.000 Français, 2.000 Suisses et 1.600 Belges. Il est assez intéressant de noter que les Grecs se dirigent vers l’Amérique du Nord. C’est une vieille coutume de cette race à la fois la plus littéraire et la plus commerçante de l’Ancien-Monde, d’aller chercher fortune au loin et quand on se remémore combien sont devenues