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REVUE DU PAYS DE CAUX

le fameux Marco Polo, il a gagné Pékin en traversant des solitudes au milieu desquelles gisaient, à demi enfouies dans les sables, de mystérieuses cités, dont les ruines réservent aux savants de 1950 plus d’une décevante énigme et d’une heureuse découverte. Sven Hedin a raconté ses voyages aux sociétés savantes de l’Europe et les ovations justifiées qui ont accueilli ses communications l’ont récompensé de bien des peines. La France au contraire n’a pu que déposer une palme voilée de crêpe sur le tombeau prématuré d’un de ses derniers-nés, déjà en route pour la gloire. À trente-deux ans, renoncant à une vie facile et douce, le vicomte du Bourg de Bozas avait résolu de consacrer sa fortune et ses forces à une œuvre grandiose. Parti le 2 avril 1901 à la tête d’une mission scientifique considérable, il parcourut l’Éthiopie, dressant la carte des régions encore mal connues et recueillant de précieux échantillons de leur faune et de leur flore. Après un séjour de quelque durée à la cour de l’empereur Menelik, le 4 mars 1902, la colonne se remettait en marche vers le sud et gagnait le lac Rodolphe. Le 18 septembre, elle atteignait le Nil aux environs de l’Albert-Nyanza ; le programme primitif était accompli ; il ne restait plus à du Bourg et à ses vaillants compagnons qu’à prendre le chemin du retour. Mais une ambition nouvelle se greffa sur celles qu’ils venaient de satisfaire ; ils voulurent tenter de revenir par l’Atlantique après avoir traversé le continent dans toute sa largeur. Ils s’enfoncèrent donc dans l’épaisse obscurité du Congo Belge. La mission y perdit son chef ; affaibli par les fièvres dont il avait contracté le germe dans les parages malsains du lac Rodolphe, le vicomte du Bourg ne tarda pas à expirer ; la mort le trouva héroïque comme il l’avait été devant les souffrances ; il léguait un souvenir ineffaçable à ses camarades et un grand exemple à la « jeunesse dorée » dont il faisait partie.

Les « Réformes » Britanniques.

Ce sont des « réformes » qui coûtent cher ! Zuze un peu ! Les plus récentes confidences du ministre des finances d’Angleterre nous apprennent qu’en quinze ans, de 1888 à 1903, les dépenses militaires ont passé de 397.993.560 francs à 680.700.000 francs, soit 291.706.450 francs ou 73 % d’augmentation ; la chose se comprend jusqu’à un certain point. L’armée Anglaise était en retard sur toute la ligne ; il y avait beaucoup à faire pour la mettre