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CE QUI SE PASSE DANS LE MONDE

surprenant que les journaux n’aient pas insisté davantage sur un incident si caractéristique de la politique Américaine telle que Roosevelt l’a modelée. Le gouvernement Argentin, avec une habileté qu’il faut bien qualifier de malhonnête, fit des démarches à Washington afin d’obtenir l’adhésion des États-Unis à une déclaration de solidarité dans la banqueroute ; de par la doctrine de Monrœ, on aurait fait savoir solennellement à l’Europe que nulle dette d’État, contractée par un État Américain, ne saurait donner lieu, de la part d’une puissance Européenne, à aucune intervention armée, et que toute puissance Européenne qui le tenterait, trouverait devant elle la coalition des républiques du nouveau monde. C’était bien commode en vérité ! Par malheur, le président Roosevelt a fixé en quelques mots nets et précis, sa façon de comprendre la doctrine de Monrœ, et voici sa réponse : « Nous ne garantissons l’impunité à aucun État s’il se conduit mal, pourvu que le châtiment ne prenne pas la forme d’une acquisition de territoire en Amérique par une puissance non Américaine ». — La république Argentine en a été pour sa fourberie, laquelle n’augmentera pas beaucoup le crédit dont jouissent ses fonds d’État. Et l’on sait exactement, de ce côté-ci de l’Atlantique, jusqu’à quel point les États-Unis entendent se prévaloir du Monroïsme. Il sera difficile, aux successeurs de Roosevelt, de se tenir en deçà ou d’aller au-delà de la ligne tracée par lui avec cette robuste franchise et ce puissant bon sens dont l’opinion transatlantique accepte si volontiers les avis et applaudit les initiatives.

Une défaite victorieuse.

Le rapprochement Greco-Turc auquel la conclusion d’un traité de commerce entre les deux pays vient de donner une sanction pratique et l’envoi par le sultan d’une Mission extraordinaire à Athènes, une retentissante consécration est sûrement chose intelligente autant qu’imprévue. Après la guerre de 1897, on n’aurait point osé l’espérer et comme nous ne sommes ici suspect d’aucune tendresse envers la Turquie, on entend bien que c’est au point de vue Grec que nous nous plaçons pour nous réjouir. À Constantinople même, il y a 400.000 Grecs, à peine moins que de Musulmans. Dans le vilayet d’Andrinople, les Grecs sont deux fois plus nombreux que les Bulgares… En Épire il n’y a point de