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REVUE DU PAYS DE CAUX

La tiare de Saïtaphernès.

Cela vous fait-il quelque chose d’ignorer si le front antique de Saïtaphernès, roi des Scythes, a réellement porté cet objet d’art exposé, il y a peu de semaines, dans les vitrines du Louvre avec de grands honneurs et condamné, aujourd’hui, comme suspect, à faire de la prison préventive dans une armoire obscure ? L’homme qui prétend l’avoir confectionnée, au seuil du xxe siècle, est arrivé à Paris avec ses croquis et ses maquettes. On fait une enquête sérieuse et on a raison ; un musée comme le nôtre doit au public mondial, qui vient en admirer les richesses, de ne lui offrir que d’authentiques reliques et de véritables objets d’art. C’est cette seconde partie de l’obligation à laquelle on oublie de songer. N’est-elle pas remplie ? Qui viendra nier la beauté artistique du joyau en question ? Et s’il est démontré qu’il a été fabriqué de toutes pièces à une date toute récente, ne conviendrait-il pas de le replacer dans une belle vitrine avec cette inscription : tiare dite de Saïtaphernès ciselée par M. Un tel sur les dessins de M. Un tel ? Ces deux faussaires ont tout de même droit à l’admiration des amateurs.

Dans cette affaire, il y avait, j’en conviens, le grand souvenir historique qui passionnait le débat. Mais en bien des cas, l’histoire n’est pas en jeu, et l’on entend des gens s’exclamer : Dieu ! quel admirable tissu, quelle merveilleuse tapisserie, quelle sculpture splendide — puis en apprenant l’origine récente de ces choses ils se détournent avec une grimace de mépris, comme si la soie brochée était devenue un torchon sordide, le petit point, une toile peinte, le marbre pur, un surmoulage grossier. Ce n’est pas ainsi que procède le sens artistique. Il proclame la beauté partout où il la rencontre.

Le beau est une royauté ; le temps en est la couronne.

Un grand honnête homme.

Lui ! Toujours lui !… Autrefois quand on disait « lui » tout court, cela voulait désigner le grand Napoléon. Aujourd’hui, c’est Roosevelt qui a usurpé la place. Le président des États-Unis trouble les cerveaux de l’élite et commence à agir sur l’imagination des foules. Voici un nouveau trait à l’actif de sa forte droiture et il est