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LES FRANÇAIS EN CHINE

chacun de ses séjours et qu’il avait baptisé « view of the world » (la vue du monde) se dresse un grand roc où la tombe est creusée. C’est non loin de là que, venu tout seul, à cheval et sans défense, au milieu des Matabélés révoltés, Rhodes par son énergie et sa lucidité, apaisa l’insurrection et préserva la paix ; c’est de là aussi que, montrant un jour à un compatriote le vaste horizon encore vide d’humanité, il s’écria : « des demeures, encore des demeures (homes  ! more homes !) voilà pourquoi j’ai travaillé ».

Il se repose maintenant et, quand les passions seront apaisées, l’heure de la justice sonnera pour cette grande mémoire.


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LES FRANÇAIS EN CHINE



Il a été formulé, par la parole et la plume, tant de graves accusations contre l’attitude de nos soldats pendant la récente campagne de Chine que l’on ne doit laisser passer aucune occasion de chercher à connaître la vérité. Le récent ouvrage de Pierre Loti[1] constitue, sous ce rapport, le plus précieux des documents. Loti est officier de marine ; il revient de Chine ; il a vu avec des yeux habitués à juger les choses militaires, non prévenus pourtant, car ses marins (envers lesquels on pourrait le soupçonner de partialité) ne sont pas en cause. Mais, surtout, Loti est un littérateur, ou, comme disaient les Chinois, là-bas, un « mandarin de lettres ». Sa principale préoccupation a été de peindre les paysages étranges qui défilaient sous ses yeux, de noter les richesses d’art de cette « Ville Impériale », que, pour la première fois, des Européens parcouraient librement. Les témoignages exonérants qu’il apporte en faveur des troupes Françaises, il n’avait pas dessein de les amasser ; il les a recueillis au passage, selon le hasard de ses pas… cela double leur valeur.

C’est ainsi que, visitant le secteur de Pékin confié à notre garde

  1. Les Derniers Jours de Pékin, 1 vol., Calmann Lévy.