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militaire actuelle, l’Angleterre put y amener plus de 70 à 80.000 hommes et encore au prix de quels sacrifices ! Or, il disposerait, lui, de près de 50.000 cavaliers dont la révolte du Cap pourrait doubler le nombre, et d’une artillerie très puissante. Il se sentait donc en mesure de résister aux réclamations de Sir Alfred Milner.

Ces réclamations étaient évidemment inacceptables. Les fameux « griefs » des Uitlanders ou étrangers étaient les uns économiques et justifiés, en tous cas défendables ; les autres, politiques et absolument injustifiés ; il est à remarquer, d’ailleurs, que ces derniers ne reçurent pas l’adhésion des Allemands et des Français résidant à Johannesburg ; les seuls Anglais le soutinrent. Au bout de deux ans de résidence, le droit de se faire naturaliser et de voter pour la deuxième Chambre ; au bout de quatre ans, le droit d’y siéger ; au bout de douze ans, le droit de voter pour la première Chambre et d’y siéger, telles étaient les principales dispositions de la loi Transvaalienne à l’égard des droits politiques des étrangers ; cette loi était, à la réflexion, parfaitement juste et sage et, quant au fameux principe Anglais, no taxation without representation (point d’impôts sans élections), il n’avait pas de sens ici, puisque ceux qui payaient les impôts, presque tous perçus sur les mines, c’étaient les actionnaires dont 40 % sont en France, 12 1/2 pour 100 en Allemagne, et dont un peu moins de la moitié seulement sont des Anglais. L’électorat accordé aux Uitlanders, c’était la destruction, à brève échéance, de la République du Transvaal, et sir Alfred Milner, en posant cette condition, présentait en quelque sorte au président Kruger le cordon de soie avec lequel, en Chine, on convie un haut mandarin à daigner prendre la peine de s’étrangler.

La Guerre

L’heure n’est pas venue d’apprécier les opérations militaires ce qui, d’ailleurs, ne rentrerait point dans le cadre de cette courte étude, ni même de faire la lumière sur les accusations contradictoires qui pèsent sur les deux armées et plus spécialement sur l’armée Anglaise. Mais le sens commun suffit à indiquer que ces deux armées ne se composaient point, l’une de bons anges et l’autre de méchants diables, comme des feuilles ou des brochures tendancieuses visaient à le faire croire. Cela ne s’est jamais vu et on ne saisit pas le motif qui eût poussé toutes les vertus à droite