Page:Revue du Pays de Caux n2 mai 1902.djvu/14

Cette page a été validée par deux contributeurs.
54
REVUE DU PAYS DE CAUX

Les Troubles de Belgique.

L’échec que le socialisme vient de subir en Belgique a été complet — si complet même que tout le monde en a été surpris. Les circonstances — il faut le remarquer — étaient assez favorables. Le parti au pouvoir avait commis des imprudences et des excès ; il s’agissait du suffrage universel, réforme indispensable aux socialistes et chère aux libéraux, de sorte, qu’en cette affaire, les premiers avaient l’avantage de marcher avec les seconds ; aucune menace antidynastique ou révolutionnaire ne gênait leur alliance et beaucoup, parmi les plus modérés, se disent qu’en effet, l’heure est venue d’établir le vote démocratique, en usage dans des pays dont l’éducation politique est certes moins avancée qu’elle ne l’est en Belgique. La grève générale éclatant à l’occasion d’un pareil conflit, s’en trouvait sinon légitimée, du moins très facilitée. Enfin, de malheureux accidents dus à une répression trop violente et injustifiée ensanglantèrent les rues de Bruxelles et de Louvain ; c’était un aliment dangereux fourni à la colère populaire ou, comme on dit vulgairement, de l’huile sur le feu. Malgré tout, le mouvement a avorté, la grève n’a pas réussi à être générale ; elle a causé beaucoup de ruines, mais n’a pas paralysé la vie entière du pays. Et, en somme, les socialistes sont sortis de cette crise sans gloire et sans profit. Ce n’est pas, du reste, le seul motif qu’aient leurs chefs d’éprouver du souci. Ailleurs qu’en Belgique, il s’opère une évolution d’idées propres à les inquiéter.

La Hongrie et la Triple Alliance.

Beaucoup de bruit se fait autour du renouvellement de la Triple Alliance qui arrive à échéance. Et il est assez probable qu’en effet ce traité célèbre sera renouvelé, peut-être même dans des termes identiques ; il n’en a pas moins perdu une grande partie de sa valeur et l’esprit des cosignataires a changé, en tous les cas, d’une façon radicale. L’Italie s’est réconciliée avec la France et, sentiment à part, elle y a trop d’avantages pour ne point persévérer dans une voie si conforme à ses vrais intérêts. L’Autriche s’est rapprochée de la Russie. L’accueil fait à l’archiduc héritier, lors de sa visite à Saint-Pétersbourg, a donné le ton d’une cordialité nouvelle établie entre les deux cours. L’archiduc, d’ailleurs, prouve par ses actes et ses paroles qu’il sera un empe-