Page:Revue du Pays de Caux n2 mai 1902.djvu/11

Cette page a été validée par deux contributeurs.
51
CE QUI SE PASSE DANS LE MONDE

rebelles qualifient d’« étrangère ». C’est un signe des temps que, partout où l’on veut nuire à un adversaire, on le qualifie d’« étranger » dans son propre pays. C’est l’injure suprême ! ou du moins l’accusation la plus efficace et rien ne permet de mesurer avec autant d’exactitude l’intensité du courant nationaliste qui se fait sentir jusqu’en Extrême-Orient ! Parmi les Chinois qui participent à l’insurrection, se trouvent principalement des soldats lassés d’attendre une solde toujours en retard, des paysans des montagnes prompts aux coups de force et charmés de toute occasion de refuser l’impôt et enfin des sécessionistes rêvant l’autonomie de la Chine du Sud. Que l’Europe soutienne la dynastie et le gouvernement actuels, c’est sage de sa part, puisqu’avant tout, il convient de maintenir l’ordre. Ce serait toutefois une grave faute de s’inféoder à eux. Les Chinois se modifieront-ils jamais, d’une façon très profonde ? La chose est incertaine. Mais la Chine, en tant que région, n’est plus aujourd’hui ce qu’elle était hier. Il serait puéril de s’imaginer que son unité résistera aux événements récents. L’occupation étrangère a ébranlé à jamais le prestige impérial ; le mystère, d’ailleurs, qui environnait le trône, est évanoui ; les Chinois ont vu leur empereur fuir sa capitale et y rentrer en chemin de fer ! Double spectacle auquel ne résistera pas le vieil édifice vermoulu. L’autonomie de la Chine du Sud est donc une affaire de temps. La France qui est sa voisine, devrait y songer très sérieusement ; une double politique s’offre à elle ; ou chercher à établir solidement dans ces régions l’influence Française de façon à nous réserver le protectorat du futur État ; ou bien y favoriser l’expansion Allemande, de façon à l’opposer à l’expansion Anglaise, laquelle s’exerce déjà dans ces parages et y redoublera d’activité dès que la guerre Sud-africaine aura pris fin.

Le Couronnement du Roi Édouard.

Beaucoup de nos lecteurs ne manqueront pas de nous taxer d’anglomanie pour avoir osé dire — ce que nous faisons plus loin — que Cecil Rhodes était un grand homme et raconter que, dans le drame Transvaalien, tous les torts ne sont peut-être pas du même côté. Ce genre de reproche nous laisse tout à fait indifférents. Notre anglomanie, en tous les cas, n’ira pas jusqu’à exprimer de la sympathie pour la ridicule représentation qui se prépare à Londres.